Professeur Abderahmane MEBTOUL Depuis que le monde est monde nos sociétés vivent d'utopie car, comme le dit l'adage, l'espoir fait vivre. D'ailleurs les sociétés sont comme une pièce de théâtre ou chacun a un rôle déterminé, les pouvoirs en place avec leurs cours et leurs discours contribuant à cette utopie. Les guerres et les révoltes sociales sont le contrepoids à cette utopie. L'important discours prononcé jeudi dernier au Caire par le Président Barak Obama est-il un discours d'utopie ou sera-t-il concrétisé certes pas demain mais dans un avenir proche pour éviter que la religion, ne soit utilisée à des fins de tensions entre l'orient et l'occident, comme arme de guerre fratricide. C'est que les guerres de religions ont fait recette et l'on a pu, paradoxalement, utiliser ces termes antinomiques guerre sainte, alors que les livres saaints ont pour fondement adhésion, tolérance, et respect d'autrui. Or, je suis convaincu avec de nombreux intellectuels de différentes sensibilités et nationalités, depuis de longues années, que la symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident par le dialogue des cultures (le judaïsme, le Christianisme et l'Islam étant des religions de tolérance pour ne citer que les grandes religions monothéistes) permettront d'éviter ce chocs des civilisations préjudiciable à l'avenir de l'humanité. L''intensification des relations entre l' l'Orient et l'Occident, la promotion de synergies culturelles, économiques et politiques sont seules à même d'intensifier une coopération pour un développement durable ente le Nord et le Sud, et ce afin de faire de notre univers un lac de paix où seront bannis l'extrémisme, le terrorisme et la haine, passant par une paix durable au Moyen-Orient, berceau des civilisations, les populations juives et arabes ayant une histoire millénaire de cohabitation pacifique.Il existe des spécificités sociales nationales dont il convient de tenir compte car source d'enrichissement mutuel permettant de communiquer avec des cultures lointaines à travers des réseaux décentralisés où la société civile ( intellectuels, diplomates, opérateurs, médias grâce au rôle important d'Internet) doit jouer une fonction stratégique car les nouvelles relations internationales fondées sur les relations personnalisés entre chefs d'Etat ont de moins en moins d'effets. Ces réseaux doivent favoriser les liens communicationnels, les ères de liberté dans la mesure où les excès du volontarisme collectif inhibent tout esprit de créativité. Dans ce cadre, il y a lieu d'accorder une attention particulière à l'action éducative car l'homme pensant et créateur devra être à l'avenir le bénéficiaire et l'acteur principal du processus de développement. C'est pourquoi je préconise la création de grands pôles par grands continents (universités et centres de recherches) loin de tout esprit de domination comme moyen de fécondation réciproque des cultures, et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles. L'Orient et l'Occident sont deux régions géographiques présentant une expérience millénaire d'ouverture sur la latinité et le monde musulman avec des liens naturels et dans son ensemble porte de culture et d'influences anglo-saxonnes. Il est indispensable que l'Occident développe toutes les actions qui peuvent être mises en œuvre pour réaliser des équilibres souhaitables à l'intérieur de cet ensemble et ce afin de favoriser un quadruple objectif solidaire: l'Etat de droit et la démocratie politique; l'économie de marché concurrentielle loin de tout monopole; la concertation sociale et les échanges culturels par des débats contradictoires d'idées et enfin la mise en œuvre d'affaires communes n'oubliant jamais que les entreprises sont mues par la seule logique du profit et dans la pratique des affaires il n' y a pas de sentiments. Dans ce cadre l'émigration ciment des liens culturels peut être la pierre angulaire de la consolidation de cette coopération. C'est un élément essentiel de ce rapprochement du fait qu'elle recèle d'importantes potentialités cultuelles, économiques et financières. Car la promotion des relations entre l'Orient et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées. Pour cela l'Occident doit ,tout en tenant compte effectivement de sa situation socio-économique favoriser la libre circulation des personnes tout en engageant un véritable développement au profit de l'Orient , tenant compte du nouveau défi écologique qui devrait entraîner des mutations tant économiques que socioculturelles.Aussi, l'objectif stratégique est de repenser l'actuel système économique mondial en intégrant le défi écologique, ce système actuel favorisant la bipolarisation Nord/Sud, la pauvreté préjudiciable à l'avenir de l'humanité, accéléré d'ailleurs par les gouvernances des plus discutables de la plupart des dirigeants du Sud. Sur les 7 milliards d'âmes les 2/3 sont concentrées dans la zone Sud avec moins de 30% des richesses mondiales. Car ce début du 21e siècle, des disparités de niveau de vie criantes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L'abondance et l'opulence côtoient d'une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Le revenu moyen des 20 pays les plus riches est 37 fois plus élevé que celui des 20 pays les plus pauvres qui appartiennent à l'Afrique sub-saharienne, à l'Asie du Sud et à l'Amérique latine. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards d'individus - dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement - on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l'humanité si rien de décisif n'est entrepris. Faute de relever le défi de lutte contre la pauvreté, la crise mondiale actuelle constitue une menace pour le monde au cours des années à venir. Certes, les relations entre l'Occident et l'Orient, particulièrement avec le monde musulman, sont souvent passionnées pour des raisons historiques. Mais, comme l'a souligné le président Barack Obama, espérons qu'elle seront dépassées, dans le cadre des intérêts bien compris de chaque nation, notamment sur le plan sécuritaire, le terrorisme étant une menace planétaire mais ne saurait s'assimiler à l'Islam religion de tolérance. Le devenir solidaire conditionne largement la réussite de cette grande entreprise qui interpelle notre conscience commune et le repli sur soi serait préjudiciable à notre prospérité commune et engendrerait d'inéluctables tensions sociales. Tout cela renvoie à des enjeux géostratégiques de première importance qui concerne l'humanité dont une gouvernance rénovée à l'échelle mondiale qui concerne l'ensemble des outils et des méthodes de gestion des affaires de la Cité. En effet, avec l'interdépendance accrue de nos sociétés , la crise mondiale actuelle nous rappelle, la nouvelle politique américaine semble mette fin à l'ère de l'unilatéralisme des années passées, les USA restant certes la première la puissance économique du monde, mais entendent tenir compte à, la fois de la montée des puissances émergentes et de l'urgence de la protection de notre environnement où à la réunion de Copenhague, ils entendent jouer un rôle déterminant. En résumé l'histoire commune nous impose d'entreprendre ensemble. Car comme le dit l'adage arabe avec une profonde philosophie, une seule main ne saurait applaudir. C'est le modeste message de cette contribution aux dirigeants de l'Orient et de l'Occident. A.M.