Un drame. Une femme. Une volonté de vivre et de surmonter ses peurs. Tels sont les ingrédients de cette pièce de théâtre. Une autre vision d'aborder la vie réelle et le monde, sans artifices. Un hymne à l'amour et à la paix. Depuis vendredi dernier, le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi a ouvert grandes ses portes pour accueillir le Théâtre régional de Skikda afin de permettre au public algérois de découvrir les dernières productions de cette ville, et ce, dans le cadre de la Carte blanche. Pour ce premier jour donc, c'était la pièce pour enfants Aladin et la lampe magique qui ouvrait ces trois journées dédiées au quatrième art. Samedi passé, le public adulte était convié à assister, à 16h, à la représentation Amem asswar El Madina, la nouvelle production de ce tout nouveau théâtre régional, dirigé par la comédienne Sonia, qui a ouvert ses portes en septembre 2010. Hier c'était le monologue El Madani oueld el mansi de l'association Sarkha (cri). Une manière de promouvoir aussi le travail culturel et artistique de ladite association. “C'est toujours un bienfait de se déplacer et de rencontrer un autre public, surtout pour les comédiens et de voir le travail qui se fait dans ce théâtre jeune qui vient de démarrer”, dira Sonia à propos de la manifestation Carte blanche. Amem Asswar El Madina, d'après un texte de Tankred Dorst – un artiste de théâtre allemand – et adapté par Khaled Bouali et réalisé par Sonia. Elle aborde un drame social. C'est aussi l'histoire de tout un chacun qui reste impuissant face aux drames de la vie mais surtout “les murs de la peur” qui l'oppriment, qui l'étouffent l'empêchant de vivre libre. À travers le personnage principal de la pièce, Houria El-Ouazna, une femme qui paraît de prime abord faible, c'est un message de paix qui est véhiculé. Avec courage et bravoure, elle décide d'affronter non pas la société, mais les peurs enfouies au fond de son être. Elle décide de braver le système de régence. Elle combat de toutes ses forces pour pouvoir se défaire de ces liens si oppressants. Armée de son courage, elle n'omet pas de mettre en valeur sa féminité, sa beauté et sa sensibilité : elle a le droit d'aimer et de vivre. Pour ce faire, tout est bon pour “récupérer” l'époux “enrôlé” malgré lui. Toute cette histoire est racontée à travers une trame très présente. Le mouvement existe ; très présent aussi. Non seulement dans le jeu des comédiens, mais aussi dans la construction et la mise en scène. À aucun moment le spectateur ne pouvait détourner son regard. Tout le travail était concentré sur le rythme de la pièce. La scénographie, signée Abderrahmane Zaâboubi, a donné un plus à la pièce. Avec un décor imposant : un mur. Celui de la cité ou plutôt du palais impérial. Des gardes ou plutôt des soldats évoluent telles des araignées sur ce mur, accrochés à des barres en fer. Leur évolution est orchestrée par une chorégraphie de Slimane Habbès. D'ailleurs, tout le jeu était orchestré au pas près, au mot près, voire au geste. À aucun moment il n'y a eu d'essoufflement ou de lenteur. Ça montait crescendo, une sorte de moderato cantabile. Toujours à propos du jeu, il se fait en duo. Sur l'avant-scène. Durant presque une heure trente. Le public a eu droit à une approche du monde et dans la vie sans trop de philosophie. Un regard simpliste, mais chargé d'émotion. Un combat d'une femme amoureuse, aimante. Sa sensibilité lui a ouvert les yeux sur un monde qui a pour mot d'ordre : obscure. L'espoir est présent.