En tournée en Europe et au Moyen-Orient, le secrétaire d'Etat au Trésor, Tim Geithner, doit rassurer les investisseurs sur la valeur de leurs actifs en dollars. Plus de 1 000 milliards de dollars de "trou" depuis le début de l'exercice budgétaire, en octobre: dévoilé officiellement lundi soir par le Trésor, le chiffre du déficit public américain donne le vertige. Pour le seul mois de juin, la différence entre les dépenses et les recettes fédérales dépasse 94 milliards. Soit, en neuf mois, un déficit cumulé de 1 086 milliards exactement. Sur la même période, un an plus tôt, le déficit n'était encore " que " de 286 milliards. Mais, depuis, selon les calculs du Congrès, les recettes ont plongé de 18 %. Les dépenses se sont, elles, envolées de 21 %, à cause des mesures de sauvetage des banques et du plan de relance de l'économie (787 milliards). À ce rythme, le déficit fédéral dépassera 12 % du PIB sur l'ensemble de l'année budgétaire, estiment les économistes interrogés par l'agence Bloomberg ! Or le plan de relance américain est censé sauver ou créer 3,5 millions d'emplois. Mais, en quatre mois et demi, l'Amérique en a supprimé 2 millions. Du coup, certains pensent qu'une rallonge sera nécessaire, plombant encore plus dramatiquement le déficit budgétaire, et pesant sur le cours du dollar. Washington dément jusqu'ici cette idée de nouveau plan. Il n'empêche, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, qui arrive mardi matin à Djeddah en Arabie saoudite après un bref passage à Londres, et qui sera mercredi à Abu Dhabi avant une escale à Paris jeudi, va avoir le plus grand mal à convaincre les pays du Moyen-Orient que leurs investissements aux Etats-Unis ne sont pas menacés. Les pays du Golfe sont d'autant plus sensibles aux attaques contre le billet vert qu'ils sont tous de gros détenteurs de bons du Trésor américain, qu'ils ont massivement recyclé leurs pétrodollars aux Etats-Unis et qu'ils imaginent aussi créer un jour une monnaie commune. En outre, devant les incertitudes qui planent sur les Etats-Unis, plusieurs autres pays, dont la Chine, la Russie et, depuis la semaine dernière, la France, remettent en question la suprématie du dollar et son statut de monnaie de réserve. Timothy Geithner ne peut donc pas se contenter de promettre que le déficit américain sera ramené à des niveaux raisonnables dès que la crise sera passée. Il doit également montrer que l'Amérique reste ouverte aux investissements étrangers et que la crise ne la pousse pas à avoir des réflexes protectionnistes. Il lui faut aussi peser de tout son poids afin que l'Opep accepte un prix " raisonnable " du baril de pétrole, pour éviter de reporter la reprise américaine aux calendes grecques. Son étape en Arabie saoudite n'en est que plus cruciale. Quelques heures avant son départ, il s'est voulu rassurant. "Alors que les gens sont très inquiets des risques, ils veulent investir dans le marché le plus liquide et le plus sûr du monde, qui est encore le marché de nos bons du Trésor" , a-t-il déclaré sur CNN. Et d'ajouter : "Un dollar fort est dans l'intérêt des Etats-Unis."