La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a exprimé un soutien marqué au fragile gouvernement de la Somalie, en menaçant de prendre des mesures contre l'Erythrée si elle ne mettait pas fin à ses ingérences "inacceptables" dans ce pays. La responsable américaine a eu un entretien au Kenya avec le président somalien Cheikh Charif Ahmed, dont l'administration fait face à des insurgés islamistes radicaux comme ceux du mouvement Al Chabaab. "On peut dire que le président Obama et moi tenons à élargir et à développer notre appui au gouvernement fédéral de transition", a-t-elle déclaré ensuite lors d'une conférence de presse donnée conjointement avec Ahmed. Selon les services de renseignement occidentaux, la Somalie sert de refuge à des extrémistes qui projettent des attentats dans la région et au-delà. La police australienne a déjoué cette semaine un complot visant à frapper une base militaire de Sydney et imputable selon elle à des hommes liés au groupe Al Chabaab, que Washington considère comme une antenne d'Al Qaïda en Somalie. Hillary Clinton a dit que la présence d'"éléments terroristes" sur le territoire somalien menaçait l'Afrique et le monde extérieur, et elle a sommé l'Erythrée voisine de cesser toute ingérence dans les affaires de la Somalie. "En ce qui concerne l'Erythrée, nous déclarons très clairement que ses initiatives sont inacceptables (...) et nous avons l'intention d'agir si elles ne cessent pas", a-t-elle dit. "Il est grand temps que l'Erythrée cesse de soutenir Al Chabaab et se mette à jouer un rôle constructif plutôt que déstabilisateur." L'Erythrée rejette régulièrement les allégations de soutien aux rebelles qui sont formulées à son encontre. Le président Ahmed a déclaré que l'Erythrée avait une occasion de "corriger" son attitude. Les Etats-Unis ont offert au gouvernement somalien un soutien militaire qui s'est concrétisé ces derniers mois par l'envoi de plus de 40 tonnes d'armes et d'équipements. Hillary Clinton a dit que Washington avait versé 150 millions de dollars depuis deux ans à la Somalie et comptait lui faire parvenir des fonds supplémentaires. Un encadrement et une aide logistique sont aussi proposés aux forces de sécurité somaliennes. Hillary Clinton a déposé une gerbe à l'emplacement de l'attentat perpétré en 1998 contre l'ambassade des Etats-Unis à Nairobi. Elle a aussi rencontré des survivants de l'attentat. "Assurément, si Al Chabaab devait trouver en Somalie un refuge susceptible d'accueillir ensuite Al Qaïda et d'autres acteurs du terrorisme, cela constituerait une menace pour les Etats-Unis", a-t-elle déclaré. L'administration Obama a exclu d'envoyer des troupes en Somalie, où les Etats-Unis avaient subi un cuisant échec lors de leur dernière intervention, sous la présidence de Bill Clinton. Lors d'une bataille restée célèbre et qui a inspiré le film "La Chute du Faucon noir" (Black Hawk Down), 18 soldats américains avaient été tués à Mogadiscio en octobre 1993. L'incident avait provoqué le début des opérations de retrait d'une force de maintien de la paix de l'Onu et des Etats-Unis. Le processus politique supervisé par l'Onu qui a conduit Ahmed à la présidence en janvier constitue la 15e tentative pour doter la Somalie d'un gouvernement stable depuis 1991. "S'agissait-il d'une élection parfaite ? Non, bien sûr, mais nous insistons sur la légitimité de cette élection", avait dit Hillary Clinton un peu plus tôt à l'Université de Nairobi. "Nous avons pour objectif de contribuer à favoriser la stabilité." Ses discussions avec le président somalien ont aussi porté sur la piraterie qui sévit le long des côtes somaliennes, sur des routes maritimes de première importance pour le commerce mondial entre l'Asie et l'Europe.