L'association de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) demande que l'Union européenne contraigne l'Italie à abandonner sa politique de renvoi forcé en Libye des immigrants africains. Dans un rapport publié lundi, elle déclare que ces candidats à l'entrée en Europe renvoyés vers les côtes africaines sont ensuite soumis à des conditions de vie inhumaines dans des camps libyens. Lors d'une réunion des ministres de l'Union européenne chargés de l'immigration, lundi à Bruxelles, le Haut Commissariat de l'Onu pour les Réfugiés (HCR) et la Commission européenne ont d'ailleurs confirmé que la Libye n'offrait pas à l'heure actuelle "les conditions de protection requises". "La Libye n'a pas les conditions requises pour une solution de protection adéquate aux réfugiés ou aux demandeurs d'asile dans le cadre actuel", a déclaré le Haut Commissaire aux Réfugiés, Antonio Guterres, lors d'une conférence de presse. De son côté, le commissaire européen chargé des questions de Justice, Liberté et Sécurité, Jacques Barrot, a jugé que la situation actuelle n'était "pas acceptable", sans pour autant se prononcer sur la manière dont Rome traitait cette question et sur une éventuelle coopération prêtée par l'UE. "La réponse au défi devant lequel nous sommes placés c'est d'avoir peu à peu des mécanismes de protection sur la rive sud de la Méditerranée car aujourd'hui, un demandeur d'asile est souvent obligé de passer par un passeur pour venir sur les côtes européennes pour y faire inscrire sa demande", a-t-il expliqué.Aux termes d'un accord avec Tripoli, l'Italie intercepte depuis mai les bateaux de clandestins qui se trouvent dans les eaux internationales et les ramène en Libye, sans examiner de possibles demandes d'asile. D'après l'Onu, les trois quarts des immigrés clandestins arrivés l'an dernier par mer en Italie ont demandé l'asile, requêtes acceptées dans un cas sur deux, notamment pour les Somaliens et les Erythréens. "L'Italie ignore ses obligations juridiques en renvoyant ces bateaux en Libye sans autre forme d'examen", a déclaré Bill Frelick, chargé des réfugiés à HRW et auteur du rapport. "L'UE devrait exiger que l'Italie remplisse ses obligations en mettant fin à ces retours forcés." Le groupe basé à New York précise que l'agence européenne Frontex a assuré la coordination de certains de ces retours forcés et il demande aux Etats membres de l'EU de ne pas s'associer à de telles initiatives.