Outre une législation répressive et des tribunaux complaisants, les autorités marocaines ont recours à une répression policière féroce pour punir les manifestations indépendantistes au Sahara occidental, indique Human Rights Watch (HRW) dans son rapport annuel. Alors que le royaume alaouite ne cesse de vanter son projet d'autonomie pour le Sahara occidental et les bienfaits qu'il assurerait aux Sahraouis, un rapport édifiant de l'organisation non gouvernementale de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW), met à nu ses pratiques répressives dans ces territoires. En effet, dans sa partie réservée au Maroc, le rapport 2007 de cette ONG affirme que les droits de l'homme continuent à être violés au Maroc d'une manière générale et au Sahara occidental par “une législation répressive”. Mais ce sont dans les territoires sahraouis occupés que “la répression policière des manifestations indépendantistes a été plus féroce au Sahara occidental”, indique le document. HRW relève, notamment pour le cas du Maroc, que “les autorités, aidées par des tribunaux complaisants, continuent à utiliser une législation répressive pour punir parfois des opposants pacifiques”. Le rapport précise que “la police emploie une force excessive pour disperser des manifestations, en particulier dans des régions éloignées”. Il est également fait allusion à l'impunité dont bénéficient les policiers marocains qui “sont rarement amenés à répondre de leurs actes en cas de violations des droits humains”. Human Rights Watch dénonce le fait que “dans les affaires à caractère politique, les tribunaux refusent régulièrement aux accusés un procès équitable, ignorant les demandes d'examens médicaux déposés par les accusés qui affirment avoir été torturés”. Les tribunaux marocains “refusent de citer à comparaître des témoins à décharge, condamnant des accusés uniquement sur la base d'aveux apparemment extorqués”, lit-on dans le même rapport. Les militants des droits de l'homme et les indépendantistes sahraouis sont particulièrement pourchassés et arrêtés par les autorités d'occupation, affirme l'ONG qui ne manque pas de mettre l'accent sur la répression policière des manifestations qui “a été plus féroce au Sahara occidental que partout ailleurs, et a présenté une tendance au recours excessif à la force contre les manifestants”. Donnant davantage d'indications sur les exactions des autorités d'occupation, HRW affirme qu'elles continuent “à limiter les voyages à l'étranger pour certains militants sahraouis” et qu'elles “n'avaient toujours pas restitué les passeports confisqués à neuf militants, qu'elles ont empêchés de se rendre à Genève pour participer à des activités de l'ONU portant sur les droits humains”. Human Rights Watch cite dans son rapport la conclusion de la délégation du Haut-Commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme qui s'est rendue au mois de mai dernier au Sahara occidental, pour confirmer ses conclusions. Pour rappel, la délégation onusienne avait conclu, à l'issue de cette visite, que “les Sahraouis se voient non seulement nier leur droit à l'autodétermination, mais de la même façon, ils sont gravement empêchés d'exercer une série d'autres droits, comme le droit à exprimer leurs opinions sur la question, à créer des associations défendant leur droit à l'autodétermination et à organiser des réunions pour faire connaître leurs opinions”. HRW s'est déclarée satisfaite par “les rapports du département d'Etat sur les droits humains”, qui “ont reflété fidèlement l'étendue des violations de ces droits au Maroc et au Sahara occidental”. K. ABDELKAMEL