A défaut de pouvoir obtenir un gel immédiat des colonies juives en Cisjordanie, Barack Obama pourrait bien tenter à présent de relancer directement les pourparlers israélo-palestiniens. Sans surprise, le sommet tripartite de mardi entre le président américain, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas n'a pas permis d'annoncer une série d'étapes préliminaires à la reprise des négociations, interrompues depuis décembre. Barack Obama a au lieu de cela dû se contenter de souligner l'urgence qu'il y avait à résoudre un conflit vieux de 60 ans, et à appeler Netanyahu et Abbas à faire preuve de "flexibilité, de sens commun et de sens du compromis". Selon les analystes, cette issue montre que la politique qui consiste à vouloir obtenir des concessions préalables avant des négociations a montré ses limites. Ce constat d'échec pourrait présager une marche forcée vers des pourparlers en bonne et due forme, même si aucun des deux camps n'y semble prêt. "C'est clairement une cause perdue", a estimé Daniel Kurtzer, ancien ambassadeur américain en Israël, aujourd'hui enseignant à l'université Princeton, à propos de la volonté d'Obama d'amener les Palestiniens, les Israéliens et les Etats arabes à faire des concessions préalables. Les Etats-Unis souhaitaient qu'Israël suspende les chantiers de construction dans les colonies de Cisjordanie, territoire occupé depuis la guerre de 1967. Ils voulaient également de plus grands efforts en matière de sécurité de la part des Palestiniens, et un début de normalisation avec Israël de la part des Etats arabes. Mais aucune de ces conditions n'était remplie lorsque Obama a reçu Netanyahu et Abbas. Abbas demande que Netanyahu et son gouvernement conservateur reprennent les négociations au stade où les avait laissées l'équipe précédente du centriste Ehud Olmert. Ce dernier avait proposé de notables concessions territoriales, sans toutefois les formuler officiellement par écrit. Quant à Netanyahu, il affirme ne pas être lié par les prises de position du gouvernement précédent. En une seule phrase, il a résumé son point de vue au sortir de la réunion. "Le problème iranien domine tout", a-t-il dit. Selon Jon Alterman, du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS), Israël considère qu'un Iran doté de l'arme nucléaire serait une bien plus grande menace envers son existence que les activistes palestiniens. Abbas est de son côté plus pressé de récupérer le contrôle de la bande de Gaza, dominée par les islamistes du Hamas depuis l'été 2007, a estimé Alterman. "Les deux camps pensent que l'heure n'est pas propice à des compromis sérieux." Selon Elie Podeh, professeur au département des études islamiques et moyen-orientales à l'université hébraïque de Jérusalem, des "progrès assez substantiels" avaient été faits vers un accord de paix durant le mandat d'Olmert. "Netanyahu a son propre programme, et il n'est pas étonnant qu'il refuse de reprendre les choses là où Olmert les a laissées", a-t-il commenté. "Il semble que nous soyons de retour à la case départ." M.K