Les nouvelles mesures d'investissements instaurés, dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2009, continuent d'alimenter les colonnes de la presse, notamment étrangère. Le mensuel du monde arabe et de la francophonie "Arabies", en fait partie. Celui-ci est revenu dans sa dernière livraison sur le changement de cap entrepris par l'Algérie en matière d'investissement. Pour Arabies, les bonnes performances financières de ces dernières années doivent être relativisées, en raison du poids de la rente pétrolière sur l'économie - qui représente 98 % des recettes d'exportation (contre 69 %, en 1970). La prospérité de l'Algérie demeurera, donc, aléatoire, "tant qu'elle sera conditionnée par deux facteurs dont elle n'a pas le contrôle : la fluctuation du dollar et celle des cours du baril de pétrole". Les décisions récemment prises par le gouvernement dans le cadre de la loi de finances complémentaire (LFC) pour 2009, écrit Arabies, sont intervenues dans un contexte marqué par un net recul des recettes pétrolières. Lesquelles devraient s'établir à 40 milliards de dollars à la fin de l'exercice 2009, selon les prévisions du ministre de l'Energie, Chakib Khelil. En 2008, elles se sont établies à 75 milliards de dollars. Parallèlement, la courbe des importations n'a cessé de croître. Pour les trois premiers mois de l'année 2009, elle culminait à 9,42 milliards de dollars, soit une augmentation de 10,07 %, comparé au premier trimestre de 2008. L'année dernière, elle a atteint le pic historique de 39 milliards de dollars. "Face au déséquilibre de la balance commerciale, Ouyahia avait donc le choix entre laisser la situation se dégrader ou mettre des garde-fous pour prévenir des dégâts plus importants. Il a choisi la deuxième solution et s'est fixé pour objectif de réduire d'au moins 5% le volume des importations pour l'année en cours", lit-on. Parmi les changements importants introduits par la LFC 2009, l'obligation pour les importateurs de recourir au Crédit documentaire (Credoc) comme unique moyen de paiement figure en bonne place. Il est évident que les importateurs qui ne disposent pas d'une surface financière suffisante seront appelés à disparaître. C'est peut-être l'occasion pour les pouvoirs publics d'assainir ce secteur gangrené par toutes sortes "d'aventuriers" et de redonner ainsi plus de crédibilité à la profession. Contrairement au transfert libre, la traçabilité du Credoc va permettre de freiner l'importation des produits contrefaits et les transferts abusifs de capitaux. Ces derniers étant devenus un véritable fléau. Selon Arabies, les services espagnols de renseignement financier ont alerté, récemment, leurs homologues algériens de l'existence de mouvements de fonds suspects entre les deux pays. Les montants déclarés à la douane espagnole seraient de 900 millions d'euros. Selon l'enquête préliminaire, ce trafic était organisé par des hommes d'affaires, des importateurs et des commerçants agissant par le biais de passeurs. L'autre changement notable cité par le mensuel, c'est bien l'interdiction des crédits à la consommation, à l'exception du crédit immobilier. Selon Arabies, cette interdiction vise plus particulièrement le secteur de l'automobile, qui, à lui seul, a capté 80% des crédits à la consommation accordés par les banques, en 2008. Si l'interdiction faite aux particuliers d'importer des véhicules de moins de trois ans est levée, écrit le mensuel, les concessionnaires devront investir… ou disparaître. Par ailleurs, et à l'instar de l'Union européenne et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), certains pays ont émis de vives critiques sur les changements engagés en Algérie. "Elle intervient au moment où ces mêmes pays, chantres du capitalisme, dérogent à leurs propres principes en protégeant leurs économies et en injectant des fonds publics dans les banques et entreprises privées pour leur éviter la banqueroute", écrit le mensuel. "Les pressions exercées sur l'Algérie vont probablement s'accentuer lors des prochains rounds de négociation, en vue de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Elles visent à pousser le gouvernement à annuler tout ou partie des nouvelles dispositions", conclut Arabies. Adnane Cherih