Il n'y a pas un seul sujet qui arrive réellement à faire le consensus au sein de la classe politique, plus particulièrement quand il s'agit d'orientations qui auront des implications sur l'avenir. Il en est ainsi et davantage pour ce qui concerne les privatisations qui divisent à la fois nos politiques et nos économistes dans la meure ou les partisans de ces privatisations estiment que c'est le seul moyen de rendre notre économie performante, alors que les opposants à cette démarche invoquent les licenciements, la perte de notre souveraineté, l'impossibilité d'une planification de notre développement et la fuite des capitaux ; c'est-à-dire que les bénéfices ne seront pas réinvestis et seront transformés en devises qui prendront le chemin de l'étranger. L'autre point de discorde est la convertibilité totale du dinar. Pour nombre d'économistes et de politiques (dont Ouyahia), la convertibilité du dinar servirait à sortir du pays toutes les devises qui y existent encore. Ceux qui n'y voient pas d'inconvénient s'appuient sur le fait qu'il y a un marché de conversion libre en plein air à Alger et dans toutes les villes et villages d'Algérie sans que cela n'entraîne une course pour la conversion. Il faudrait cependant intégrer une donnée nouvelle, à savoir qu'il est décidé depuis trois jours de démanteler les réseaux de change informels, tels que celui qui a cours à la place Port-Saïd. Que des hommes politiques entrent en contradiction non négociable sur le diagnostic de l'économie peut être compréhensible pour l'opinion publique, car ce ne sont pas des spécialistes de l'économie, mais des projets de société qui englobent seulement les aspects stratégiques des modèles économiques. Les politiques, qui aspirent d'ailleurs à la magistrature suprême, ont des économistes à leur disposition qui peuvent faire le coup de feu à leur place. Par contre, pour l'opinion publique il n'apparaît pas compréhensible que des économistes puissent entrer dans de graves contradictions. C'est comme si des médecins établissaient des diagnostics contradictoires sur la maladie d'un même patient et donc des traitements contradictoires. Faudrait-il assombrir le diagnostic ou l'éclaircir? Les deux options cohabitent dans le champ des analyses économiques effectuées et qui distinguent ceux qui ont initié cette nouvelle politique industrielle de ceux qui sont sur le terrain des "affaires" et qui estiment qu'en tant qu'opérateurs, ils devraient avoir le dernier mot, du moins le mot prépondérant, pour ce qui concerne leurs propositions. Il en est de même pour les grands choix à faire dans le cadre de la mondialisation. Il y en a qui estiment qu'il faudrait prendre des mesures en urgence pour aller vite s'intégrer dans l'OMC, alors qu'il y en a qui, bien au contraire, estiment que notre pays ne doit pas du tout regarder dans cette direction car d'une part, nous n'avons rien à placer sur les marchés extérieurs, à part nos hydrocarbures qui n'obéissent pas à la logique commerciale prônée par cette organisation, et d'autre part la concurrence que nous ne pourrons pas affronter amènera fatalement la faillite de notre appareil de production, le secteur de l'industrie des textiles commençant déjà à s'effondrer.