Le Programme alimentaire mondial (PAM) vient de publier un document sur le débat actuel " nourriture ou argent " comme meilleur moyen de venir en aide aux populations, document dans lequel l'auteur plaide en faveur d'une " ouverture d'esprit " face aux deux solutions. Le document Cash and Food Transfers est consacré en bonne partie aux transferts d'argent, mais il explique que les différentes conditions dans lesquelles l'argent ou la nourriture pourrait assurer de manière efficace la sécurité alimentaire montrent que les deux options doivent être perçues comme des " transferts complémentaires qui se renforcent mutuellement". L'argent ou les coupons de rations alimentaires pourraient-ils remplacer valablement les livraisons de sacs de nourriture destinées à l'aide alimentaire aux personnes vulnérables ? Dans une étude réalisée par le PAM, qui gère 40 à 50 pour cent de l'aide alimentaire mondiale, l'agence se dit favorable à " toute initiative créative visant à mieux faire comprendre les conditions dans lesquelles l'argent, la nourriture, ou les deux peuvent être la solution la plus appropriée pour venir en aide aux personnes vulnérables ", a indiqué M. Gentilini , du service de la protection sociale et des moyens de subsistance du PAM, également, rédacteur du document. Selon l'agence onusienne, des transferts d'argent bien ciblés et contrôlés pourraient être efficaces lorsque les marchés alimentaires sont régulés et que les prix sont stables. En revanche, lorsqu'ils ne le sont pas, comme c'est souvent le cas dans les situations d'urgence, l'aide alimentaire reste le moyen le plus efficace pour sauver des vies humaines. "Le fait que les personnes puissent à tout moment choisir ce qu'elles veulent acheter est un puissant argument qui plaide en faveur de l'argent. La question alors est de savoir si les conditions sont réunies pour permettre à ces personnes de faire ce choix, ou si certaines contraintes les en empêchent ". " Par exemple, lorsque les marchés ne sont pas régulés, les bénéficiaires des transferts d'argent ne peuvent pas acheter de la nourriture. En conséquence, donner de l'argent à ces personnes dans de telles conditions ne ferait que les exposer à des risques de rupture d'approvisionnement". En janvier 2007, l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) recommandait dans son rapport annuel 2006 La situation mondiale de l'alimentation et l'agriculture (SOFA) que l'aide soit distribuée sous la forme de contribution financière ou de coupons de rations, au lieu des livraisons d'aide alimentaire habituelles qui peuvent affecter les producteurs et les marchés des pays bénéficiaires et déstabiliser le commerce international. L'aide alimentaire ne doit, de manière explicite ou implicite, être liée à aucune transaction commerciale ou service dans le pays donateur, souligne le rapport de la FAO qui se fait l'écho de ce que disent depuis plusieurs années la plupart des agences de développement. Selon M. Gentilini, les réponses souvent faites dans le débat nourriture ou argent et qui associent la " nourriture aux cas d'urgence, et l'argent aux projets de développement ", sont des " distinctions dépassées". "Transferts d'argent et de nourriture peuvent être associés dans des contextes d'urgence et de développement humanitaires. Toutefois, l'argent seul ne semble pas être une solution appropriée lorsqu'il est distribué immédiatement après une situation de crise ".