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Une crise alimentaire mondiale risque de surgir en 2009 L'UE débloque 1 milliard d'euros supplémentaire pour faire face à la volatilité des prix des denrées alimentaires
Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation, estime qu'une crise alimentaire mondiale est peut-être sur le point de surgir. De nos jours, le riz et le blé, deux aliments de base des pays sous-développés, ont vu leurs prix doubler depuis 2007. À cause de cela, des gens, qui vivent avec seulement 2$ par jours, doivent réduire leurs achats d'aliments nutritifs, tels que les légumes, pour avoir les moyens d'acheter ces aliments de base. Il y a des millions de personnes dans le monde qui ne gagnent pas plus que ça, et qui doivent parfois se priver de deux repas quotidiens. Les réserves de céréales sont basses et ont baissé à cause des maigres récoltes des années passées. Cela a donc entraîné une baisse dans l'offre, alors que la demande s'est maintenue et cela a joué directement sur le prix des denrées, lequel grimpe bien sûr. Un document récent de la Banque mondiale indique que le prix du blé a augmenté de 181% depuis trois ans et les prix des aliments en général de 83%. Selon Jean Ziegler, "la production massive de biocarburants est un crime contre l'humanité", dans la mesure où elle tend à se substituer aux cultures alimentaires et encourage la rareté, et par conséquent la hausse du prix des céréales, qui constituent l'alimentation de base de millions d'individus sur la planète. Jean Ziegler a aussi déclaré que le monde se dirigeait "vers une très longue période d'émeutes" et de conflits liés aux prix des denrées de base et aux pénuries et il a tout à fait raison ! Partout dans le monde notamment en Égypte, au Cameroun, en Côte d'Ivoire, au Niger, au Burkina Faso, aux Philippines et en Haïti, de violentes émeutes ont eu lieu contre l'inflation des prix des denrées alimentaires de base. Il y a même eu des morts lors d'une de ces émeutes en Haïti. C'est ce que nous dit Jean Ziegler dans son roman choc "L'empire de la honte" dont les thèmes principaux sont l'injustice et la bêtise humaine (cœur sensible s'abstenir). Cette citation veut en quelque sorte dire que c'est de la faute à chacun d'entre nous s'il y a des gens qui meurent de faim sur terre. C'est à cause de plein de petites choses qui, accumulées ensemble, ont fait des dégâts incommensurables. Petit exemple : lorsqu'on émet des gaz à effet de serre, on détruit la couche d'ozone, ce qui fait augmenter les catastrophes naturelles dans le monde qui, elles, détruisent les maisons et les récoltes. Néanmoins, Jean Zigler pense que la pauvreté et la faim ne sont pas inévitables comme le disent bien des gens. La Food and Agriculture Organisation of the United Nations, dont il fait partie, dit même que la planète pourrait nourrir normalement près de 12 milliard de personnes. Bien sûr cela serait difficile à faire avec tout le gaspillage et la surconsommation de bien des gens, mais pas impossible ! Il nous reste beaucoup de chemin à faire avant d'enrayer la faim, c'est pourquoi il faut continuer de trouver des solutions à ce problème et de conscientiser le plus de gens possibles sur celui-ci. Un milliard d'euros pour lutter contre la faim En attendant de trouver une solution effective à la crise, les chancelleries occidentales planchent sur des plans d'aide. C'est dans ce sens que les députés européens ont donné, jeudi, leur accord pour octroyer un milliard d'euros supplémentaire aux pays en développement pour faire face à la volatilité des prix des denrées alimentaires. "C'est un compromis acceptable mais nous sommes dans une situation paradoxale: les gouvernements donnent des milliards pour sauver les banques et ne sont pas capables de donner de l'argent pour sauver les pays en développement", a déclaré le rapporteur, Gay Mitchell. La décision a été adoptée par 561 voix pour, 24 contre et 34 abstentions. Pour faire face à la "volatilité des prix alimentaires", la priorité va être donnée à des mesures "destinées à améliorer l'accès aux intrants et services agricoles, y compris les engrais et les semences", alors qu'une attention particulière est accordée aux infrastructures locales. Un dispositif de sécurité permettra, pour sa part, de préserver ou d'améliorer la capacité de production agricole et de satisfaire les besoins en aliments de base des populations les plus vulnérables, y compris les enfants. D'autres mesures seront mises en oeuvre à petite échelle. Elles viseront à accroître la production en fonction des besoins des pays : le micro-crédit, l'investissement, l'équipement, les infrastructures et le stockage, ainsi que la formation professionnelle et le soutien aux catégories professionnelles du secteur agricole. "L'instrument de réponse rapide" va être réservé à "une liste limitée de pays cibles hautement prioritaires". Le niveau de pauvreté et les besoins réels des populations, l'évolution des prix des denrées alimentaires et leurs conséquences socioéconomiques potentielles, ainsi que la capacité des pays à répondre et à mettre en oeuvre des mesures appropriées seront les trois principaux critères de sélection.Les entités pouvant bénéficier d'un financement sont les pays et les régions partenaires, les organisations internationales, y compris les organisations régionales, les organes, services ou missions des Nations unies (tels que FAO, FIDA, UNICEF et PAM), les institutions financières internationales et régionales ou encore les banques de développement. Le milliard d'euros doit s'ajouter aux 800 millions d'euros disponibles pour 2008-2009 pour l'aide humanitaire et les crises d'urgence. Contribution accrue de l'Allemagne Aussi, l'Allemagne a promis une rallonge de 11 millions de dollars pour financer différents projets FAO de lutte contre la faim. Avec ce montant, la contribution extrabudgétaire allemande pour 2008 devrait passer à 14,2 millions de dollars, soit le montant le plus élevé que l'Allemagne ait jamais accordé à la FAO en un an. "Le soutien généreux de l'Allemagne nous permettra d'aider des milliers de bénéficiaires à améliorer leur sécurité alimentaire à long terme", a déclaré notamment M. José Maria Sumpsi, sous-directeur général de la FAO responsable du Département de la coopération technique. "Une telle contribution impulsera un élan majeur à notre vision d'une meilleure autosuffisance des communautés rurales". "Notre coopération avec la FAO en appui à ces importantes interventions nous réjouit", a déclaré de son côté M. Hans-Heinrich Wrede, Ambassadeur d'Allemagne auprès de la FAO. "Deux de nos principales priorités du développement sont: des solutions durables à la réduction de la faim et de la pauvreté et la protection de l'environnement." Les contributions de l'Allemagne permettent à la FAO d'entreprendre différentes initiatives de développement dans un grand nombre de pays, notamment en Tanzanie et au Sierra Leone. Financé par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement, un projet en faveur de la réduction de la déforestation au Ghana aide ce pays à mettre en oeuvre l'"Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts" qui fut adopté en mai 2007 par le Forum des Nations unies sur les forêts. Quatre autres projets FAO bénéficieront de financements octroyés par le ministère fédéral allemand de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Protection du consommateur. Ils concernent le renforcement de la conservation forestière dans le bassin du Congo, le développement d'une entreprise de production de semences au Sierra Leone, le développement des systèmes alimentaires en République de Tanzanie, et l'appui au développement interrégional des biocarburants. L'urgence d'une action à long terme Mais ces différents plans d'aide peinent à convaincre. Ainsi, Oxfam France - Agir a publié un rapport sur les conséquences de la crise alimentaire dans cinq pays d'Afrique de l'Ouest, à l'occasion de la conférence internationale sur l'agriculture en Afrique sub-saharienne, qui sera organisée à Paris par la France les 8 et 9 décembre. Cette étude a été menée au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger entre avril et juin 2008. Elle a conclu que malgré les bonnes récoltes attendues cette année dans le Sahel, la question de l'accès à la nourriture continue à se poser aujourd'hui et se posera au cours des mois à venir. Pour la première fois, la hausse des prix alimentaires frappe non seulement les ménages pauvres ruraux mais aussi les ménages urbains, jusque-là relativement épargnés par les questions d'insécurité alimentaire de la région. Mais les populations rurales qui dépensent jusqu'à 80% de leurs revenus dans l'alimentation sont les plus touchées. "Cette crise s'est traduite par une soudaine hausse des prix des produits alimentaires qui a ébranlé les populations les plus vulnérables. Entre 2005 et 2008, ces prix ont augmenté de 83% au niveau mondial, et ont précipité près de 120 millions de personnes supplémentaires dans la faim" déclare Jean-Denis Crola, d'Oxfam France - Agir ici. Dans la région du Sahel, les familles pauvres ont d'abord utilisé des mécanismes classiques de survie, comme réduire la qualité et le nombre de repas, voire dépenser moins pour la santé ou l'éducation. Beaucoup ont dû vendre leur bétail, menaçant ainsi leurs moyens de subsistance sur le long terme. S'il est bien entendu indispensable de soutenir la production et de remettre l'agriculture au cœur des agendas de développement, Oxfam France - Agir ici insiste sur la nécessité de privilégier le soutien à l'agriculture familiale et aux petits agriculteurs qui, contrairement aux idées reçues, n'ont pas profité de la hausse des prix alimentaires. Il est donc crucial de soutenir les petits exploitants par des actions ciblées, comme améliorer leur accès à la terre, au crédit ou l'octroi de semences et de fertilisants, mais également de développer les infrastructures. "Les produits alimentaires sont bien disponibles sur les marchés, mais les populations n'ont pas les moyens de les acheter. Les Etats du Sahel, avec le soutien de la communauté internationale, doivent faciliter l'accès des plus démunis aux produits de premières nécessité et garantir leur pouvoir d'achat. Il faut mettre en place des systèmes de protection sociale complets et, entre autres, garantir des stocks de semence suffisants" explique Eric Hazard d'Oxfam international en Afrique de l'Ouest. Oxfam France - Agir ici appelle lors de cette conférence les pays de l'Union européenne et les Etats africains à engager des réformes de fond pour la mise en œuvre de politiques agricoles durables et à investir dans la prévention des futures crises alimentaires. "Au-delà des crises économique et financière mondiales, n'oublions pas qu'aujourd'hui encore, les populations des pays du Sud subissent les conséquences dramatiques de la crise alimentaire" rappelle Jean-Denis Crola. Dans la région du Sahel, le rapport "L'urgence d'une action à long terme" d'Oxfam international et de Save the Children appelle en particulier à répondre de manière durable aux besoins alimentaires immédiats des populations en insécurité alimentaire, notamment grâce à des financements plus flexibles et durables ; mettre en place pour cela des stratégies de protection sociale pour permettre aux populations de faire face aux chocs actuels et futurs ; transformer les systèmes d'information, basés sur la production et l'alerte précoce, de manière à prendre en compte les facteurs de marché et de pouvoir d'achat ; créer les conditions politiques permettant aux producteurs agricoles non seulement de bénéficier de la hausse des prix, mais aussi d'être protégés en cas de baisse des cours et accélérer la mise en œuvre de la politique agricole de la CEDEAO et de l'Offensive régionale pour la production alimentaire et contre la faim.