Un "désengagement précoce" des mesures de relance adoptées pour faire face à la crise économique mondiale pourrait retarder la reprise de l'emploi de plusieurs années et rendre la reprise économique naissante " fragile et incomplète", indique le rapport sur le travail dans le monde 2009: la crise de l'emploi et l'après-crise, publié lundi par le Bureau international du Travail (BIT). Environ cinq millions de travailleurs risquent de perdre leur emploi dans les 51 pays analysés dans le rapport si les gouvernements retirent leur soutien ou si le rebond économique n'est pas assez vigoureux, a averti le BIT, tout en ajoutant que 20 millions d'emplois ont été perdus depuis octobre 2008. Le rapport indique également que si des mesures appropriées ne sont pas adoptées ou poursuivies, plus de 40 millions de personnes pourraient être exclues du marché du travail. Ce chiffre comprend les chômeurs de longue durée qui renoncent à chercher un emploi et les nouveaux arrivants qui ne trouvent pas de travail. "Malgré les premiers signes de reprise économique, et en raison de la hausse significative du chômage et du travail à temps partiel, les mesures de soutien ne doivent pas être abandonnées trop tôt", a affirmé Raymond Torres, directeur de l'Institut international d'études sociales du BIT. "Il est crucial d'éviter les stratégies de désengagement prématurées. La reprise économique restera à la fois fragile et incomplète aussi longtemps que persistera la crise de l'emploi", a- t-il ajouté, tout en soulignant que "la crise mondiale de l'emploi n'est pas terminée". Dans les pays industrialisés, l'emploi ne devrait pas retrouver son niveau de 2007 avant 2013, alors que dans les pays émergents et en développement, la récupération pourrait s'amorcer à partir de 2010 sans pour autant atteindre le niveau antérieur à la crise avant 2011, selon le BIT. Des millions de travailleurs ont jusqu'ici été maintenus à leur poste par les entreprises grâce au soutien des pouvoirs publics, des réductions du temps de travail, des mesures de chômage partiel ou de travail à temps partiel involontaire. Si les gouvernements retirent leur soutien, notamment en raison des contraintes budgétaires, ce sont environ cinq millions de travailleurs supplémentaires qui perdront leur emploi, a expliqué le BIT, soulignant que le risque de perdre son emploi en 2010 est particulièrement élevé pour les travailleurs peu qualifiés et les travailleurs âgés. R.I