L'économie américaine "a tiré un profit considérable du développement rapide de l'Asie et de son intégration à l'économie mondiale", a déclaré lundi le gouverneur de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale) , Ben Bernanke. "L'essor des économies asiatiques depuis la Seconde Guerre mondiale a été l'une des grandes réussites de l'histoire du développement économique", a ajouté M. Bernanke dans son discours à l'occasion d'une conférence de la Fed sur l'Asie et la crise financière mondiale à Santa Barbara en Californie. "La transition du Japon vers un statut de grande puissance économique a été suivie de l'ascension rapide des Tigres asiatiques, qui a elle même résulté dans le rôle prépondérant adopté par la Chine sur la scène économique mondiale", a-t-il déclaré. La Chine et l'Inde, qui représentent à elles deux près de 40 pourcent de la population mondiale, ont enregistré une multiplication de leur produit réel par habitant par plus de 10 et de 3, respectivement, depuis 1980. "Comme on pouvait s'y attendre étant données la taille et le niveau d'avancement de leurs économies, les pays de cette région ont commencé à exercer une influence significative sur l'évolution de l'économie mondiale et sur la gouvernance internationale dans les sphères économique et financière", a commente M. Bernanke. Le gouverneur de la Fed a aussi estimé que les pays d'Asie avaient contribué avec succès à la résolution de la crise financière. "La réponse de l'Asie à cette crise semble jusqu'à présent avoir été efficace", a-t-il dit. "Facteur important, la reprise asiatique a jusqu'à présent résulté dans une mesure significative de la croissance de la demande nationale, soutenue par des politiques fiscales et monétaires, plutôt que de celle de la demande de partenaires commerciaux extérieurs à la région". D'une manière générale, les pays d'Asie ont bénéficié face à la crise de fondamentaux macroéconomiques positifs, notamment d' une faible inflation et d'équilibres bugétaires et de comptes courants favorables. Ces bons fondamentaux ont eux-même permis de mettre en place une réponse politique forte dans nombre de ces pays. La Chine, le Japon, la Corée et Singapour sont parmi ceux qui ont employé des stratégies particulièrement énergiques. La Chine en particulier a entrepris un programme budgétaire considérable, complété par des politiques monétaires et de prêt bancaire accommodantes, explique M. Bernanke. "Les mesures de stimulation en Chine et ailleurs ont entraîné une augmentation de la demande intérieure dans l'ensemble de la région, favorisant les échanges intrarégionaux", a-t-il ajouté. Le gouverneur de la Fed a observé que la crise financière avait clairement démontré la manière dont les Etats-Unis, l'Asie et les autres économies du monde sont inextricablement liés. Ces liens économiques forts, ainsi que l'importance des Etats- Unis et de l'Asie dans l'économie mondiale, soulignent la nécessité de se consulter et de coopérer pour répondre aux problèmes et défis communs, a-t-il dit. Il est largement admis que la coordination internationale est un moyen efficace de restaurer la confiance de l'économie mondiale. Le Groupe des 20 plus grands pays développés et en développement ( G20) s'est réuni trois fois en une année depuis novembre dernier, au plus fort de la crise financière. "Les déséquilibres extérieurs ont déjà commencé à se réduire considérablement à la suite de la crise", note M. Bernanke. L'économie mondiale est désormais sur la voie de la reprise. Le gouverneur de la Fed a néanmoins appelé les décideurs à faire preuve de prudence dans la mise en oeuvre de leurs stratégies économiques. "Comme dans les économies avancées, la mise en oeuvre des politiques de stimulation adoptées pendant la crise nécessitera jugement et prudence", a-t-il dit. Il a conseillé aux décideurs de ne pas retirer trop rapidement leurs politiques de soutien, ce qui pourrait donner un coup d'arrêt à une reprise encore fragile. En même temps, il a mis en garde contre le risque qu'un maintien trop prolongé de politiques de relance puisse entraîner une surchauffe de l' économie ou aggraver des déséquilibres budgétaires de long terme. Dans son rapport le plus récent, la Réserve fédérale a indiqué qu'elle maintiendrait le taux d'intérêt directeur du pays à un niveau historiquement faible "pour une période prolongée".