Pour la première fois depuis plus de cinquante ans, un candidat républicain a remporté mardi soir un siège de sénateur du Massachusetts, laissé vacant par la mort de Ted Kennedy. Un an jour pour jour après l'investiture du président, ce revers hypothèque l'avenir de sa réforme de la santé. C'est un cadeau en forme de camouflet. Un an jour pour jour après son investiture à la présidence des Etats-Unis, Barack Obama a perdu mardi soir la majorité qualifiée qu'il détenait au Sénat. Pour la première fois depuis des décennies dans l'Etat du Massachusetts (nord-est), un candidat républicain a remporté mardi soir un siège de sénateur. Sur près de 100% des bulletins dépouillés, Scott Brown récolte 51,8 % des voix, contre 47,2% à son adversaire démocrate Martha Coakley, qui a admis dans la soirée sa défaite. La Maison-Blanche indique que le président Barack Obama a félicité le vainqueur. Sur le papier, l'élection semblait pourtant jouée d'avance, le Massachusetts constituant historiquement un bastion démocrate. Lors de l'élection présidentielle, Barack Obama y avait d'ailleurs devancé son adversaire John Mc Cain de 26 points. Ted Kennedy, mort en août dernier, avait avait lui-même gagné ce siège en 1962 pour ne jamais le lâcher. A l'échelon local, cette défaite semble sanctionner une campagne menée avec désinvolture par la candidate démocrate qui se considérait comme invincible. Le soutien de Barack Obama, dimanche à Boston, n'aura pas suffi à enrayer les sondages qui s'étaient inversés dans la dernière ligne droite. A l'échelon national, l'échec marque le déficit de popularité du président, hypothèse qui semble confirmée par le taux relativement élevé de participation. Outre le mauvais augure que constitue cette défaite pour les élections de mi-mandat en novembre, elle fait d'ores et déjà perdre aux démocrates la majorité qualifiée de 60 voix qu'ils détenaient au Sénat. Avec 59 sièges sur 100, ils disposent toujours de la majorité absolue mais ne peuvent plus éviter certaines manoeuvres d'obstruction que ne manqueront pas de mettre en place les républicains. "Les démocrates sont désormais officiellement avertis", écrit le président du comité national du parti républicain, Michael Steel, dans un communiqué publié mardi soir, qualifiant l'élection de Scott Brown d'"historique". Ce revers hypothèque en effet l'avenir des réformes voulues par le président, en premier lieu celle du système de couverture médicale. Celle-ci a été adoptée en première lecture au Sénat le 24 décembre dernier, par tout juste 60 voix. Mais le changement de donne pourrait faire capoter le projet en deuxième lecture. Car les républicains sont viscéralement opposés à cette réforme, visant notamment à fournir une couverture à plus de 30 millions d'Américains qui n'en ont pas les moyens actuellement. Le nouveau sénateur Scott Brown a déjà ouvertement affirmé qu'il serait la 41e voix dont les républicains ont besoin pour faire échouer la réforme. Le principal espoir des démocrates repose désormais sur la loi électorale. Selon Brian McNiff, un porte-parole de la plus haute autorité électorale du Massachusetts, la loi exige "au moins 10 jours" avant une validation officielle. Les démocrates du Congrès américain et le président pourraient donc accélérer les dernières étapes de la réforme de la santé afin de la faire adopter avant l'échéance. Tout pourrait être terminé sous 15 jours, avait affirmé mardi le chef de la majorité démocrate de la Chambre, Steny Hoyer. Une course contre la montre est engagée.