Dans toute politique économique, ce sont les entreprises qui jouent le rôle central, ce sont elles les acteurs du développement, ceux des résultats de la balance de paiement. Notre balance est déficitaire si les entreprises ne sont pas performantes, ne gagnent pas des parts de marché à l'extérieur et ne gagnent surtout pas des parts de marché sur notre propre territoire, car il leur sera plus dur de conquérir des marchés extérieurs si elle perdent pied sur le marché intérieur. Dans ce dernier cas, c'est la dissolution, c'est la disparition de nos entreprises, de notre moyen de développement, de création des emplois. Si l'on croit les projections faites il y a quelques années, nos entreprises publiques et privées auront à entrer dans la zone euro-méditerranéenne d'échanges à l'horizon 2010, ce qui l'est pour aujourd'hui pratiquement. On ne sait pas si, entre temps, il y a d'autres projections, mais la question se pose de savoir si d'ici-là, nos entreprises seront réellement prêtes. C'est une question qui devrait se poser et il semble qu'elle ne s'est pas encore posée, bien que timidement il y ait eu des idées émises à ce sujet. Pour raison de stabilité du front social, de sauvegarde des emplois, de tranquillité même publique, serait-il possible que l'Etat rachète par exemple les parts en totalité ou partiellement des entreprises privées qui auront été gravement déficitaires, assez pour déposer le bilan, "fermer" les portes et donc licencier massivement les personnels ? Serait il également possible que l'Etat puisse renflouer la trésorerie des entreprises publiques pour leur éviter de "couler" et donc de licencier massivement les personnels. Serait-il également possible que le Trésor public "subventionne" les prix des produits des entreprises publiques et même privées pour ce qui est destiné à l'exportation ? Dans le cas contraire, comment alors pouvoir faire jouer le rôle central d'acteur du développement à des entreprises algériennes qui fonctionnent au bord de l'asphyxie financière et qui peuvent même être menacées de disparition ? N'avons-nous plus espoir que les IDE vont venir, non pas en force, mais au moins en qualité ? Non pas que le chemin de l'Algérie ne soit pas emprunté par les investisseurs, non pas que le nombre de manifestations d'intérêt pour nos entreprises ne serait pas égal au nombre de privatisations, mais il faudrait bien prendre en compte que le nombre de prises de participations étrangères dans le secteur public économique national est fatalement évolutif, et que ce n'est pas un échec, compte tenu que, maintenant, le gouvernement en a tiré toutes les leçons qu'il faudrait en tirer. Des investisseurs se doivent de se tenir prudents et se donner le temps de l'observation. Ce temps nous paraît peut-être trop long, compte tenu de notre impatience. Des diplomates de haut rang affectionnent de répéter que notre pays est attractif pour les investissements étrangers, mais peuvent-ils exercer la moindre pression sur leurs entreprises, en majorité privées ? D'un autre côté, des experts, qui analysent l'efficacité des politiques relatives à l'investissement étranger, se focalisent sur les mesures de politique générale telles que les relations de travail, immigration du personnel pour les entreprises et la fiscalité, taux de bénéfices rapatriables, etc. S'agit-il de classer les pays par ordre de mesures mises en œuvre ou par ordre dans l'attirance effective des IDE ? On ne va quand même pas dire que note pays n'apporte pas assez d'avantages aux investisseurs étrangers alors que toutes les réformes tendent vers cet objectif. Les cadres d'investissement ont, en principe, tous été définis, les lois les accompagnant également. Et pourtant, il s'exprime toujours une insatisfaction de la part des associations du patronat étranger qui commencent toutes par se féliciter de ce que notre pays ait exprimé sa volonté à tout faire pour attirer les IDE, à procéder à un certain nombre de "manifestations d'intérêts" puis à prononcer la sentence selon laquelle il nous faudrait aller encore plus loin dans les réformes ou les comportements, la bureaucratie étant placée au premier rang des obstacles parmi les obstacles, le foncier n'étant pas en reste.