La crise économique mondiale aura eu pour impact plus qu'un recul des cours du pétrole. La crise aura porté un coup à l'attractivité de l'investissement dans le secteur des hydrocarbures, notamment en Algérie. ainsi selon les propos de Francis Perrin rédacteur en chef de la revue Pétrole et gaz arabes, les appels d'offres pour l'exploration des hydrocarbures en Algérie se seront soldés par des résultats en deçà des espérances. Dans une contribution publiée par l'hebdomadaire Jeune Afrique, Francis Perrin considère que si les multinationales poursuivent leurs investissements dans la région, elles s'inquiètent de l'instabilité de l'environnement des affaires. Il ajoute dans ce contexte que divers responsables pétroliers étrangers font état depuis quelque temps de doutes sur l'attractivité de l'Algérie et de la Libye. Ainsi, pour l'Algérie, un indice concret de cette perception a été fourni en décembre 2009 avec les résultats d'un appel d'offres international pour l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures. Sur les dix permis offerts, seuls trois ont trouvé preneur, ce qui est l'un des plus mauvais résultats enregistrés depuis une dizaine d'années dans ce pays. Et seules six offres pour trois permis ont été présentées alors que trente-six compagnies avaient eu accès aux données sur les zones proposées lors de cet appel d'offres. Par ailleurs en décembre 2008, un autre appel d'offres avait débouché sur l'attribution de seulement quatre permis sur les seize qui étaient disponibles. Cela s'explique selon Francis Perrin par le retournement de l'économie mondiale et du marché pétrolier à partir de 2008 qui a changé la donne, et il est difficile de nier que le peu d'enthousiasme suscité par les deux derniers appels d'offres internationaux en Algérie soit largement la conséquence de ce durcissement dans un contexte mondial pour lequel ces conditions contractuelles n'avaient pas du tout été conçues. Il ajoute que les conditions contractuelles proposées aux entreprises étrangères ont été significativement durcies entre 2004 et 2008. Dans cette période, marquée par la flambée des prix internationaux du pétrole et la forte croissance de la demande pétrolière mondiale tirée à la hausse par la Chine et d'autres pays émergents, ce durcissement n'a pas fait fuir les investisseurs internationaux. En revanche, les compagnies pétrolières ne sont plus forcément disposées à accepter de telles conditions avec l'effondrement des prix du brut au second semestre 2008, la crise économique et financière mondiale et la baisse de la demande pétrolière et gazière. Il rappelle à ce titre qu'en 2005, l'Algérie avait adopté une nouvelle loi sur les hydrocarbures qui était considérée comme assez incitative pour les investisseurs étrangers. Avant qu'elle ait commencé à être appliquée, des amendements très importants ont été proposés puis incorporés à cette législation et en ont largement changé l'esprit. Du point de vue des intérêts étrangers, les deux pommes de discorde dans ces amendements adoptés en 2006 sont l'instauration d'une taxe sur les profits exceptionnels et l'exigence que la Sonatrach ait une participation majoritaire dans tous les nouveaux projets d'exploration-production, de raffinage et de transport, ce qui changeait significativement l'économie des projets proposés. L'expert considère néanmoins que malgré ces retournements, l'Algérie conserve pas mal d'atouts pour attirer les investissements étrangers dans le secteur des hydrocarbures tels que ses réserves importantes en gaz; de nombreux gisements ont été mis au jour en Algérie (soixante-douze entre 2006 et 2009). L'Algérie bénéficie également de la proximité du marché européen, dont les besoins en gaz devraient croître fortement dans les prochaines années; et le pays reste désireux de mieux valoriser son potentiel pétrolier et gazier, et offre des opportunités aux firmes étrangères. Ainsi, de nouveaux projets gaziers sont lancés en Algérie, tels ceux de Timimoun et de Touat en 2009 et d'Ahnet à partir de 2010. par ailleurs la reprise économique est la même si de nombreuses questions se posent sur son ampleur et sa durabilité ; et la demande pétrolière mondiale devrait repartir à la hausse en 2010 après deux années de baisse, en 2008 et en 2009.