La production algérienne de vin augmente de 10% annuellement. Selon le magazine électronique Econostrum la filière viticole qui a connu un recul important durant plusieurs décennies réenregistre des marges de progression assez importantes avec une production annuelle de 400 000 hectolitres pour un chiffre d'affaires de 120 millions d'euros. Il faut dire que malgré l'apparition de certains prodcteurs privés, l'Office national de commercialisation des produits vinicoles (ONCV), organisme étatique créé en 1968, est l'acteur dominant de cette filière. Il possède 5 000 ha de vignes de cuve en propre et par le biais de 34 EURL qui sont autant de fermes pilotes. Les principales régions de production sont traditionnellement situées à l'ouest (Mascara, Tlemcen, Mostaganem, Ain-Témouchent…) et au centre du pays (Médéa, Ain Defla, Mitidja ouest…). L'organisme public détient 65% de parts du marché domestique contre 35% au secteur privé. Il est, de surcroît, le seul exportateur de vins du pays. Selon Econostrum le secteur est en pleine expansion et la production croît de 10% annuellement, grâce à l'entrée en production des jeunes plantations réalisées dans le cadre du Plan national de renouveau et de développement agricole (PNDRA). Pour son P-DG, Madjid Ameziani " l'entreprise a pu y arriver grâce à sa démarche qualité basée sur la réalisation de ses propres vignobles avec un encépagement adéquat composé des cépages méditerranéens classiques tels que l'Alicante, le Grenache, le Carignan et le Cinsault ainsi que par des cépages améliorateurs tels que le Merlot, le Pinot, le Syrah, le Cabernet Sauvignon et le tanpranilo. " Il faut savoir que les vignobles représentaient la moitié des exportations algériennes et presque le tiers de son produit national brut. La viticulture entrera ensuite, dans une phase de déclin au milieu des années 60. Pour redresser la barre, un programme de développement viticole s'est fixé comme objectif l'extension des zones dédiées à cette filière. Le sol ainsi que le climat aidant, les vignobles destinés à la production de vin s'étendent désormais sur 85.000 hectares et fournissent 2,1 millions d'hectolitres. Ce qui confère, de nos jours, à l'Algérie le dix-neuvième rang au classement mondial des pays producteurs de vin. Les prévisions prévoient une extension des zones viticoles de 11.000 hectares supplémentaires et l'augmentation de la production de vin de dix pour cent par an. Le gouvernement finance 60 % des coûts associés à l'achat de nouvelles variétés de raisin pour améliorer la qualité et la compétitivité des exportations de vin algérien. Pour sa part, l'ONCV achète le raisin à des tarifs attractifs auprès des 2.600 viticulteurs qui activent dans la filière. Une filière qui assiste à l'émergence d'un secteur privé. Le vin rouge représente 85 % de la production algérienne alors que les exportations représentent environ 25 % de la production agricole nationale. Le gros est exporté en France. Le Royaume-Uni, la Suisse, l'Afrique du Sud, l'Allemagne, la Belgique, les Etats-Unis et le Canada sont également des clients. Seuls les vins rouges qui représentent 60% de la production s'exportent. Les blancs eux (30% de la production) ne peuvent pas s'exporter, en raison de leur couleur qui évoque l'oxydation. Sept zones AOG (Appellation d'Origine Garantie) ont été définies en 1970. Parmi ces dernières, l'Oranie, qui produit les 3/4 du vin algérien, est surtout connue pour son Coteaux de Mascara et son Coteaux de Tlemcen, des vins très robustes. Il y a cinq ans, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a décidé d'orienter l'encépagement du vignoble vers des variétés qui correspondent aux besoins d'exportation. Les objectifs visés à travers la politique de réhabilitation de la vigne de cuve étaient en passe d'être compromis par le déséquilibre constaté dans l'encépagement, un déséquilibre né de la tendance marquée chez les agriculteurs à replanter de préférence le Cinsaut et le Mersegherra. Ces deux variétés choisies au moment du greffage des plants ne correspondent pas au besoin de production de vins de qualité, des vins avec lesquels l'Algérie ambitionne d'arracher des parts d'un marché international très fermé. En effet, produire un vin comme on le fait dans notre pays, un vin de coupage, c'est respecter à la base des normes pour le composer, puisqu'il y a un raisin pour la couleur, un pour la finesse, un pour le bouquet, un autre pour le volume… chacun contribuant à sa qualité. Mais il n'y a pas que les vins de coupage, il y a aussi les vins de cépage qui s'imposent de plus en plus selon une nouvelle tendance, concurrençant les vins de coupage, d'où d'ailleurs les méventes que subissent les vins sur le marché français notamment. L'objectif tracé par les pouvoirs publics est de parvenir à produire 1 million d'hectolitres de vin dont 800 000 destinés à l'exportation. D'où la nécessité de renforcer et de moderniser l'activité vitivinicole algérienne, en la rendant compétitive. Le secteur vitivinicole algérien offre d'ailleurs un potentiel de création de richesse importante comme le démontre le fait qu'en 1960 le vignoble et le vin supposait en Algérie 31% du produit brut agricole et 51% des exportations totales.