Quelque 35 millions de litres de vin, 85 millions de litres de bière et 15.000 hectolitres d'alcool fort constituent la consommation annuelle algérienne. «La campagne des vendanges, qui prendra effet à partir du mois d'aout, ne s'annonce pas prometteuse.» Tels ont été les propos de M.Messir Malik, directeur général des vignobles d'Oran expliquant que «toutes les conditions défavorables sont réunies pour une mauvaise récolte». Le dessèchement des raisins, le phénomène de stress thermique des vignes, le mildiou et la faible pluviosité, sont autant d'indices révélant une mauvaise campagne. Deux wilayas, Aïn Témouchent et Mostaganem, continuent à alimenter les cinq unités algériennes de transformation qui se répartiront les 700.000 quintaux de raisins à produire. Une très faible production si l'on prend en compte les récoltes abondantes des années 1960 et 1970 qui étaient de 11 millions d'hectolitres de vin. Un taux de 90% de ces quantités était exclusivement destiné à l'exportation vue sa qualité supérieure reconnue à l'échelle mondiale. Tout le contraire s'est produit ces dernières décennies tant sur le plan de productivité que celui des exportations. Ces dernières sont passées à 10.000 hectolitres alors que les capacités de commercialisation vers l'extérieur peuvent aller jusqu'à 350.000 hectolitres de vin. «Cette finalité est tributaire du renouvellement impératif des cépages» a indiqué M.Messir, ajoutant que «le Chili, l'Argentine, l'Australie et les USA exportent en grandes quantités du vin tandis que les exportations algériennes sont minimes». Une seule lecture est plausible. Loin des pressions religieuses, la production vinicole a connu une baisse fulgurante quoique la consommation locale est estimée à 35 millions de litres. Depuis la privatisation des brasseries de Reghaïa (Alger) et de la BAO d'Oran (bière algérienne de l'Oranie), la rentrée sur scène de la production nationale de Heineken, l'avènement de Castel et l'ouverture, tout récemment, d'une nouvelle brasserie à Béjaïa (Albraû), la production algérienne est passée à 1 million d'hectolitres de bière tandis que les capacités réelles de production de ces dernières peuvent aller jusqu'à deux millions d'hectolitres. Les firmes internationales comme Heineken, qui a racheté Tango et Castel ne se sont sûrement pas aventurées dans un chemin sinueux en s'installant en Algérie étant donné que la consommation est de plus en plus croissante. Quelque 850.000 hectolitres (équivalent à 85 millions de litres) de bière constituent la consommation annuelle algérienne. Au vu de ces chiffres, les recettes fiscales sont aussi croissantes, compte tenu de la valeur ajoutée versée directement par toutes ces chaînes de production, d'importation et de distribution. En effet, le droit de la circulation de la production viticole est passé en catimini et sans aucune opposition de 40 DA/litre à 80 DA/litre. A qui se plaindre? Marquer la politique de silence semble idoine étant donné que la production des vins continue à constituer un tabou dans un pays qui aspire à se libérer, tôt ou tard, de sa dépendance des hydrocarbures. «Mais cette augmentation des droits de circulation pénalise tant le consommateur assujetti à l'augmentation des prix, que le producteur», déplore-t-on. Au-delà de tous ces chiffres avancés, peut-on voir un jour l'Algérie exporter sa production en grandes quantités? Malgré les tentatives timides visant à replacer l'Algérie dans sa vocation des années 1960 et 1970, la production de vin algérien est en constant déclin. Où réside le problème? Autant de raisons ont motivé ce déclin à commencer par l'arrachage des vignes à la suite du boycott, par la France, du vin algérien durant les années 1970. Le deuxième choc est cet arrachage, durant ces deux dernières années, de la moitié des vignables plantés à la faveur des plans nationaux de développement agricole. Quelque 17.000 hectares ont été plantés dans la wilaya de Aïn Témouchent, la moitié de ces surfaces ne sont plus productives. Les vignobles d'Oran viennent d'introduire des demandes de plantation de 1000 hectares de cépages nobles dans cinq wilayas de l'Ouest en l'occurrence, Oran, Mascara, Tlemcen, Aïn Témouchent et Tlemcen. L'investissement dans ce secteur est souvent un coup du hasard étant donné que celui-ci est dépendant de plusieurs facteurs. Le financement revient à 350.000 DA/hectare tandis que le taux de réussite varie entre 60 et 70% pour des récoltes à partir de la 5e année de plantation.