Osamu Masuko et Philippe Varin ont été clairs, à l'occasion du salon de l'automobile à Genève : les présidents respectifs de Mitsubishi Motors et de Peugeot ont refusé tout alliance capitalistique, qu'ils ont jugée "pas appropriée". Osamu Masuko, n'excluait pas en revanche d'éventuelles nouvelles coopérations entre les groupes "dans les produits, l'environnement", ajoutant même qu'une complémentarité régionale était également en cours d'évaluation, "comme dans le Sud-Est asiatique ou l'Amérique". L'issue était attendue, depuis que certaines sources proches du dossier avaient reconnu que le projet de rapprochement stratégique était au point mort. Mais les résultats de Mitsubishi - le constructeur automobile japonais a fait état ce mercredi d'une perte nette de 25,7 milliards de yens (195 millions d'euros) sur les neuf premiers mois de l'exercice 2009-2010 en baisse de 29,3% -, et le niveau de valorisation de l'action jugées "surévaluées" par PSA ont fini de convaincre qu'une alliance capitalistique ne serait pas opportune. Philippe Varin, en marge du salon de l'automobile, a déclaré qu'il souhaitait préserver "la robustesse financière" du groupe. PSA avait confirmé en décembre des discussions en vue d'un "partenariat stratégique", après des informations de la presse japonaise selon lesquelles le groupe français s'apprêtait à acheter 30 à 50% du capital de Mitsubishi Motors. Fin janvier, Mitsubishi avait cependant commencé à faire subtilement marche arrière en indiquant que, certes les discussions engagées avec le constructeur français se poursuivaient mais en minimisant parallèlement l'importance d'une éventuelle prise de participations croisées. De même, le français, semblait nettement moins enthousiaste. Cause principale de cette amorce de revirement : les différences de valorisation boursière entre les groupes à l'origine de difficiles - et finalement impossibles - tractations. Fin janvier, en comptant ses dettes, le japonais valait en Bourse 58 fois son excédent brut d'exploitation, un multiple alors limité à 16 pour PSA. De même, la capitalisation de Mitsubishi Motors équivalait à 55 % de son chiffre d'affaires quand celle de Peugeot ne dépassait pas 12 % des ventes. Ce qui menaçait déjà d'obliger le français à débourser beaucoup plus qu'il n'avait certainement d'abord dû l'escompter à l'origine pour pour prendre le contrôle opérationnel du japonais. Les deux constructeurs ont néanmoins confirmé qu'ils poursuivront leur coopération industrielle, notamment dans "l'environnement et les produits", selon le président de Mitsubishi. Dans un entretien aux Echos, ce mercredi, le président de PSA a ainsi évoqué la possibilité de construire avec le constructeur automobile japonais une "petite voiture, qui serait vendue sous nos trois marques, comme pour les 4x4 aujourd'hui". Le constructeur automobile français a annoncé le 10 février dernier une perte nette de 1,161 milliard d'euros sur l'exercice 2009, soit plus de trois fois plus que les 363 millions d'euros de pertes un an auparavant. Le chiffre d'affaires s'établit en repli de 10,9%, à 48,417 milliards d'euros.