Un atelier de formation sur la biodiversité marine s'est ouvert, samedi à El Aouana (ouest de Jijel), dans le cadre d'un projet pilote de partenariat stratégique pour la préservation des aires marines protégées (AMP). Ce séminaire, animé par un spécialiste espagnol de la mer, Alfonso Ramos Esplà, vice-doyen de la faculté des sciences de la mer à l'université d'Alicante (Espagne), se poursuivra jusqu'au 20 avril, avec la participation des parcs nationaux de Taza (Jijel), d'El Kala (Tarf), de Gouraya (Béjaïa) ainsi que d'universitaires de Jijel, d'étudiants de l'Ecole nationale supérieure des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral (ENSSMAL), du Commissariat national du littoral (CNL), de l'Association locale pour la protection de l'environnement "Gaia" et des représentants des secteurs de la pêche et de l'environnement. La première journée des travaux a été essentiellement consacrée au recensement du matériel et à une présentation de la bionomie benthique et de la méthodologie sur le benthos. Ce terme désigne l'ensemble des organismes aquatiques (marins ou dulcicoles) vivant à proximité du fond de la mer, par opposition au "pelagos", constitué de plancton et de necton, pour désigner l'ensemble des organismes qui occupent la tranche d'eau supérieure, du fond à la surface. Le conférencier, qui a notamment abordé la question relative à l'inventaire des fonds marins, a insisté sur la nécessité de préserver la biodiversité. Outre les changements climatiques, "l'homme demeure le principal prédateur", a indiqué à l'APS M. Esplà, incriminant notamment "le manque d'éducation et de sensibilisation" quant à la préservation et à la sauvegarde de ce secteur vital. Ce spécialiste a également souligné, au passage "l'importance du rôle des médias pour véhiculer l'information et, partant, mieux sensibiliser les citoyens". Au cours de cette journée, une étude sur le littoral du Parc national de Taza a été présentée avant que les participants n'effectuent une prospection du site du Grand Phare "Ras El Afia", à l'ouest de Jijel, inclus dans l'aire marine protégée. Un projet de liste des types d'habitats pour la sélection des sites à inclure dans les inventaires nationaux de "sites naturels d'intérêt" pour la conservation, tel que finalisé par la 4ème réunion des points focaux nationaux (Tunis, 12-14 avril 1999) et validé par la réunion des points focaux nationaux du Programme d'aires marines (Athènes, 6-9 septembre 1999), a été présenté aux participants de ce forum. L'aire marine protégée de Jijel est comprise entre la localité de Ziama Mansouriah (Ouest) et le Grand phare, soit une distance de 30 km. Disposant d'une superficie de 14.129 hectares, elle est inscrite dans le cadre de la conservation de la biodiversité marine et côtière et du développement des réseaux des aires marines protégées (AMP) au titre du projet MED PAN-Sud du parc national de Taza. L'aire marine du parc de Taza présente de nombreux abris naturels (criques, plages, baies) ainsi qu'une multitude d'îles, d'îlots et d'affleurements rocheux. Elle se distingue par des criques rocheuses et par une diversité des plages isolées et d'accès terrestres difficiles (plages de sables fins, plages de sables grossiers et plages de galets). La biodiversité de ce site est composée de 617 espèces, soit 66 espèces de phytoplancton, 156 espèces de zooplancton, 81 de phyto benthos, 145 de zoo benthos, 9 de céphalopodes, 152 espèces de poissons, ainsi qu'un espèce de tortues et deux mammifères. Il y a lieu de noter également la présence de plus de 16 espèces d'oiseaux marins et d'eaux, a-t-on appris des responsables du parc. Un représentant du commissariat national du littoral (CNL) a souligné que cette aire marine, "propre, avec une remarquable biodiversité, n'est pas polluée par des déchets chimiques". Il a relevé celles appelées "bancs des Kabyles" et la ''Salamandre'', riches en faune et en flore marines, avec des profondeurs de 35 mètres à hauteur du "Grand phare". Des groupes de travail devaient être constitués pour identifier les différents sites du littoral jijelien au moyen de séances de plongée, avec des bouteilles d'oxygène et en apnée, selon les conditions météorologiques.Notons que la préservation de biodiversité marine prend de plus en plus d'importance, notamment avec le dévelopement de l'activité humain. Ainsi, en Europe un nouveau rapport établi par l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) met en avant l'état actuel des océans et nous avertit qu'ils sont soumis à une menace importante en raison de diverses sources dont la pollution, la surexploitation et le changement climatique. L'activité des océans n'est pas visible à l'œil nu, aussi avons-nous tendance à oublier que leur dégradation est un phénomène qui dure depuis des décennies. Les mers couvrent plus de la moitié de tous les territoires des États membres de l'UE. Cependant, seul un faible pourcentage des eaux marines de l'UE sont protégées, bien moins que les terres protégées. Les océans sont essentiels à la vie humaine; leurs profondeurs regorgent d'espèces marines, dont des milliers nous sont encore inconnues. Les océans sont en équilibre complexe avec l'atmosphère, les terres et le ciel. Ils régulent le climat, produisent de l'oxygène et absorbent le C02 atmosphérique afin de créer des conditions de vie favorables sur la Terre. Malheureusement, l'augmentation de la pollution et le changement climatique entraînent l'acidification des océans, qui à son tour mène à des changements en termes de distribution des espèces et finalement à un déséquilibre dans les écosystèmes des océans. L'AEE a mis l'accent sur un certain nombre de raisons à l'origine de la menace constante qui pèse sur les océans, à savoir la surexploitation des stocks de poissons et l'introduction d'espèces invasives, problèmes qui résultent principalement des activités humaines.