L'Algérie semble vouloir diversifier la provenance des produits agroalimentaires consommés localement, en se tournant vers les pays latino-américains pour couvrir ses besoins. Cette hausse globale des importations des céréales et corps gras est due essentiellement à l'augmentation du niveau de vie des citoyens opérée à travers les mutations survenues aux habitudes de consommation. Cette situation a renforcé la présence du Brésil et de l'Argentine en tant que fournisseurs de l'Algérie, à l'instar de tout les pays nord-africains au détriment de la France. Pourtant, cette dernière est connue pour être le principal fournisseur de l'Algérie depuis des années. Ainsi, l'Argentine se positionne comme deuxième fournisseur des pays nord-africains, dont l'Algérie, en produits agricoles, selon un récent rapport sur les tendances du marché des produits agricoles établi par le Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) "L'Argentine est désormais le deuxième fournisseur agroalimentaire du Maroc et de l'Égypte ainsi que de l'Algérie. Elle est suivie du Canada et du Brésil", souligne le document. En outre, des statistiques fournies par le ministère brésilien de l'agriculture, de l'élevage et du ravitaillement traduisent à elles seules la présence accrue des produits agricoles brésiliens sur le marché algérien. Ces statistiques notent une croissance de 36,4% des exportations du Brésil vers l'Algérie en produits agricoles, entre 2008 et 2009. Le Brésil a multiplié ses exportations vers l'ensemble des pays arabes, puisqu'elles sont passées de 1 à 6 milliards de dollars sur la période de 1998 à 2008. Au même moment, les exportations des pays européens vers l'Algérie en produits agroalimentaires ont observé, en 2009, un recul relatif par rapport à 2008. La France à elle seule a perdu 2,4 milliards d'euros sur le marché méditerranéen durant cette période. Il est à signaler, par ailleurs, que la facture alimentaire de l'Algérie a représenté 30% des importations totales du pays en 2009. "La structure des importations agricoles fait ressortir que dix produits représentent quelque 80% des importations agroalimentaires. Ainsi, les principaux produits alimentaires importés par l'Algérie en 2008 étaient les céréales (51%), le lait et dérivés (17%), le sucre (6%), le café et le thé (4%), les légumes secs (3%) et les viandes à hauteur de 2%. Avec 75% de ses besoins alimentaires assurés par les importations, l'Algérie est aujourd'hui le premier importateur africain de denrées alimentaires", note le rapport en question. En revanche, selon les mêmes statistiques, l'Algérie est également sur le point de s'affirmer sur le marché africain de produits agroalimentaires. "En Algérie, où les exportations agroalimentaires restent structurellement faibles et marginales, on note une hausse sensible des ventes dirigées vers l'Afrique subsaharienne (58% de la hausse totale des ventes)". Par ailleurs, une étude sur la situation de l'agriculture dans la région sud de la méditerranée, s'est penchée sur les retombées de la hausse des prix des produits alimentaires sur les marché internationaux. Selon les rédacteurs du document, les consommateurs algériens sont faiblement touchés par la flambée des prix des denrées alimentaires. Etant donné le niveau d'importation élevé en céréales, huiles, lait industriel et sucre, dont les prix ont subi des hausses spectaculaires. "Ce constat sous-entend un maintien d'une forte intervention de l'Etat au prix de dépenses budgétaires rendues possibles par la rente pétrolière" ont-ils souligné. L'étude cite les mesures prises par les pouvoirs publics pour stabiliser les prix intérieurs, à l'instar des 55 milliards de DA alloués par l'Etat en 2008 à l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) pour assurer la stabilité des prix des farines. Aussi, les pouvoirs publics ont décidé de maintenir le prix du lait à la consommation à 25 DA/litre (prix administré depuis le début des années 2000). Une subvention exceptionnelle de plus de 10 milliards de DA (0,1% du PIB en 2008) a été nécessaire pour compenser les prix aux transformateurs face à la hausse de leurs coûts de production.