Tirant la leçon du coût économique exorbitant de l'ISF, le gouvernement suédois vient d'annoncer la suppression de cet impôt. En France, la plupart des candidats à la présidentielle se refusent toujours à l'inscrire dans leur programme. A la veille d'abolir l'ISF, un homme politique déclare : " Quand les pays, les uns après les autres, suppriment l'impôt sur la fortune et que nous nous retrouvons parmi les derniers pays à toujours l'avoir, alors il faut prendre ce type de décision. " S'agit-il de Ségolène Royal, co-gérante de la SCI La Sapinière ? Evidemment pas. Ou de François Bayrou, exploitant agricole non assujetti à l'ISF, qui avait préconisé un temps la suppression de cet impôt avant de faire marche arrière ? Non plus. Alors de Nicolas Sarkozy, dont l'électorat serait favorable à cette réforme ? Pas davantage. Ni même de Philippe de Villiers ou Jean-Marie Le Pen, seuls candidats à l'élection présidentielle à se prononcer pour l'abolition. L'homme politique qui a tenu ces propos n'est pas français. Il se nomme Anders Borg et il est ministre des Finances du Royaume de Suède, le pays-phare de la social-démocratie en Europe du Nord. Le gouvernement de centre droit auquel il appartient, dirigé par le Premier ministre Fredrik Reinfeldt, a annoncé qu'il supprimera l'impôt sur la fortune dès le mois de septembre 2007. Comme de nombreux autres pays avant elle, la Suède tire la leçon du coût exorbitant de cet impôt, à cause duquel 53 ,6 milliards d'euros de capitaux (500 milliards de couronnes suédoises) sont déjà partis à l'étranger, à raison de 3,2 à 4,2 milliards d'euros par an. En regard, l'ISF a rapporté à l'Etat suédois 514 millions d'euros en 2005. La différence est vite calculée… 2,5 milliards de manque à gagner pour l'Etat français En France, cet impôt s'est, de même, traduit par la délocalisation de plus de 100 milliards d'euros de capitaux depuis sa création. Selon un rapport du sénateur Marini, au cours de la seule année 2005, il a poussé 650 contribuables, " pesant " 2,2 milliards d'euros, à quitter notre pays. Pour l'Etat, ces départs génèrent un coût fiscal de 2,5 milliards d'euros de manque à gagner - encore ce calcul ne prend-il pas en compte les effets induits de l'ISF (emplois créés à l'étranger et pas en France, découragement des initiatives et des investissements…), dont les plus pauvres de nos compatriotes, à commencer par les chômeurs, font les frais aussi bien que les " riches ". Pourquoi, alors, nos gouvernants n'imitent-ils pas les Suédois, en supprimant ce prélèvement nuisible ? Une large fraction des élus de droite s'y montrent favorables, comme le député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca, qui, avec le soutien de Contribuables Associés, a déposé en juillet 2005 à l'Assemblée nationale une proposition de loi en ce sens cosignée par 71 députés. Hélas, bien que nul n'ignore les conséquences catastrophiques de l'ISF sur notre économie, nos dirigeants n'osent pas en tirer la conclusion logique. Car l'ISF est un impôt avant tout idéologique. Et en France, même sous les gouvernements de droite, c'est l'idéologie socialiste qui est au pouvoir. Heureuse Suède !