Les forces de sécurité malgaches ont pris jeudi le contrôle d'une caserne pour mettre fin à une tentative de mutinerie d'un petit groupe de gendarmes dissidents. Lire la suite l'article Deux soldats des troupes gouvernementales ont été tués et trois civils blessés, a annoncé un responsable de la gendarmerie de l'île, où une crise politique sévit depuis plus d'un an. Selon des analystes, certains éléments des forces armées reprochent de plus en plus au président Andry Rajoelina de n'avoir pas mis fin au chaos économique dans le pays. En conséquence, la situation pourrait encore se dégrader. Les forces de sécurité ont donné l'assaut à la caserne après l'échec des négociations qui y étaient menées avec les gendarmes dissidents et une nouvelle fusillade. Les gendarmes s'étaient retranchés dans le camp après un premier affrontement armé dans la capitale, Antananarivo. Les échanges de tirs, intenses pendant une heure, avaient nettement diminué vers midi. En fin d'après midi, les forces de sécurité ont donné l'assaut contre la caserne où étaient retranchés les mutins, qui ont pris la fuite. "On a terminé l'assaut", a expliqué le commandant des forces de sécurité à la tête des opérations antimutins. "Il n'y a pas de prisonniers. Les autres [les mutins] se sont enfuis. Les forces régulières occupent la FIGN", a-t-il seulement ajouté. Le mort est un gendarme des forces de sécurité chargées de déloger les mutins alors regroupés près de leur caserne de Fort-Duchesne, sur une colline située à environ 2 kilomètres du centre-ville. Trois civils et deux membres des forces de sécurité sous son commandement ont été blessés. Des éléments des FIGN avaient mercredi soir érigé des barrages filtrants à proximité de leur caserne. La revendication principale des mutins porte sur une affaire d'argent au sein de la gendarmerie. Le président évincé Marc Ravalomanana a reconnu publiquement avoir versé 500 millions d'ariary (près de 190 000 euros) début 2009 à la hiérarchie de la gendarmerie. M. Ravalomanana était alors confronté au mouvement populaire de son rival Andry Rajoelina qui devait conduire à sa destitution. Les mutins reprochent à leur ancien numéro 2, le général Bruno Razafindrakoto, devenu commandant de la gendarmerie nationale peu après la prise du pouvoir par M. Rajoelina (mars 2009), de ne pas avoir redistribué cet argent. Par ailleurs, les mutins entendaient assurer la protection jeudi à proximité de leur caserne d'un rassemblement interdit du Mouvement des ecclésiastiques, des pasteurs protestants favorables à Ravalomanana. Les forces de sécurité s'étaient déployées en nombre dans la matinée pour démanteler ces barrages. Une dizaine de camions et cinq pick-up militaires étaient visibles non loin de la fusillade. "On n'a jamais voulu attaquer. Ils ont commencé à nous tirer dessus. On a riposté seulement trente minutes après quand on a décidé de progresser vers le camp", a affirmé le colonel Ravalomanana, estimant le nombre des "mutins" à "une vingtaine, trente au maximum". Madagascar est plongée dans une crise depuis fin 2008. Elle a conduit à l'éviction en mars 2009 de M. Ravalomanana et à son remplacement par M. Rajoelina, alors soutenu par l'armée. Début mai, M. Rajoelina n'a pu obtenir un soutien clair des forces de sécurité pour mettre en place un gouvernement "neutre" accordant plusieurs postes à des militaires.