Les perspectives économiques des pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord se sont améliorées grâce au rebond des flux de capitaux ainsi qu'à la montée des cours du brut. Cependant, les tensions constatées dans les secteurs financiers et bancaires et la morosité du crédit pèsent sur la reprise. En effet, c'est ce qui ressort de la dernière édition des perspectives économiques régionales, notamment pour le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord, l'Afghanistan et le Pakistan (Moanap), présentée aujourd'hui par le FMI au Dubai International Financial Center. D'ailleurs, le directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, M. Masood Ahmed, a déclaré, en ce sens, "les perspectives de la région sont celles d'une nette embellie par rapport à 2009. En 2010 la croissance gagne en puissance, portée par un rebond des entrées de capitaux et un redressement de la consommation interne". "Ces perspectives encourageantes sont cependant assombries par des tensions dans le système bancaire et par la langueur du crédit dans l'ensemble de la région", a-t-il ajouté. Sur ce, il y a lieu de souligner que les pays exportateurs de pétrole de la région MOANAP ont été frappés de plein fouet en 2009. puisque l'excédent combiné de leur solde des transactions courantes a chuté de 362 milliards de dollars EU en 2008 à 53 milliards de dollars EU en 2009. Ce qui fait que leur PIB pétrolier s'est contracté de 4,7 % suite à l'effondrement des cours du brut. Cependant, la mise en œuvre de vastes mesures de relance a contribué à atténuer l'impact de la crise et que l'activité hors pétrole a tout de même progressé de 3,6 % en 2009. Toutefois, le rapport sur les perspectives régionales table, pour l'année à venir, sur une forte reprise alimentée par l'intensification des entrées de capitaux et la poussée des cours du baril. En outre, l'augmentation de la production et des prix du brut devrait faire remonter l'excédent des transactions courantes à 140 milliards de dollars EU et la croissance du PIB pétrolier à 4,3%. L'activité hors pétrole, accompagnée par une relance budgétaire soutenue dans certains pays, devrait également afficher un taux de croissance de 4,1% en 2010 et 4,8% en 2011. Mais ces taux ne suffiront pas, selon le même responsable, à créer les emplois dont la région a besoin, vu la rapide expansion de sa population active et son taux de chômage élevé. La croissance du crédit, qui a chuté à une moyenne pondérée de 2% en 2009 contre près de 20% avant la crise, reste également faible, comme partout ailleurs dans la région. Par contre, l'inflation continue d'être relativement élevée dans beaucoup de pays, principalement du fait de la montée des prix des produits alimentaires et énergétiques. Par ailleurs, M. Ahmed a attesté que les systèmes bancaires des pays exportateurs de pétrole de la région ne sont pas tirés d'affaire et que le crédit au secteur privé reste atone et les pertes sur prêts improductifs n'ont pas encore été entièrement comptabilisées. Après avoir connu une longue période de forte croissance jusqu'au milieu de 2008, le crédit dans ces pays avait accusé un repli de près 30 points de pourcentage en moyenne à fin 2009. Sur ce, les gouvernements devront concilier l'objectif de la reprise du crédit et la nécessité d'un renforcement de la réglementation financière et d'une amélioration de la supervision, notamment dans les pays où, manifestement, la prise de risques a été excessive. Par conséquent, les pouvoirs publics auront pour tâche délicate de retirer leur soutien au secteur financier et d'éliminer progressivement la relance budgétaire, laquelle devrait durer jusqu'à la fin 2010 puis disparaître une fois la reprise bien engagée. M. Ahmed a précisé, en ce sens, qu'il faut maintenir les mesures de relance tant que cela sera nécessaire pour étayer la demande intérieure. D'autre part, M. Ahmed a indiqué que la reprise des flux de capitaux constatée dans d'autres pays émergents n'est pas encore manifeste dans la plupart des pays importateurs de pétrole de la région Moanap. Car, la faiblesse persistante de la demande en Europe, l'appréciation des taux de change et la concurrence des autres pays émergents restreignent le potentiel de croissance tirée par les exportations. Cependant, il a ajouté que "le principal défi pour les pays émergents du Moyen-Orient consistera à accroître leur compétitivité afin de relever leur croissance et de créer les emplois dont ils ont grandement besoin".