Alors que le conflit social à ArcelorMittal Annaba s'accentue, le syndicat de l'entreprise a menacé, samedi, de dévoiler les malversations présumées d'anciens cadres indiens de la filiale algérienne du géant mondial de l'acier. Selon le quotidien électronique TSA, le secrétaire général du syndicat, Smaïn Kouadria, a déclaré, au cours d'une conférence de presse, que "des billettes importées par milliers à 660 dollars/tonne ont vu leur valeur chuter de 200 dollars/tonne après leur transformation au complexe. Ce n'est pas normal. Dix années après la prise en mains du complexe El Hadjar, le groupe ArcelorMittal n'a toujours pas investi un seul centime dans la réhabilitation des équipements de production". "Je dévoilerai ces dossiers après la grève générale illimitée que nous maintenons pour ce 21 juin. Pour le moment, notre seul souci reste la sauvegarde des intérêts des travailleurs", a-t-il ajouté. Il est à noter que les déclarations de M. Kouadria interviennent après celles de Vincent le Gouïc, directeur général d'ArcelorMittal Annaba, sur la corruption au sein de cette entreprise. "Nous avons lutté contre la corruption et les pratiques douteuses", a-t-il déclaré dans une lettre adressée aux salariés de l'usine. La grève prévue, aujourd'hui, dans le complexe est, pour rappel, déclarée illimitée par le syndicat malgré les menaces de la direction qui juge le mouvement de protestation illégal et que cette grève menace la stabilité de l'usine. La dernière en date avait coûté à l'usine 45 milliards de centimes soit 6 millions de dollars. Dans une interview qu'il a accordée au journal El Watan, dans l'édition d'hier, Vincent le Gouic estime que le conflit qui oppose sa direction et le syndicat d'entreprise est inutile. Il affirme que dès que le fonctionnement de l'entreprise a commencé à s'améliorer, une autre grève menace sa stabilité. Il insiste que sa direction à donner la priorité aux travailleurs notamment à travers le traitement des 320 travailleurs de la cokerie et les 450 salariés de la tuberie TSS, dont le plan de charge est nul. Il ajoute que les "mis en disposition" sont aussi concernés. Après évaluation et quand la situation le permettra, ils seront intégrés dans ArcelorMittal Annaba. Cependant, il précise que "dans un climat délétère, personne ne peut évoluer, ni l'entreprise ni ses travailleurs". Le premier responsable du complexe sidérurgique avertit que si la grève aura lieu aujourd'hui son équipe mènera toutes les actions nécessaires à son interruption. Tout en attachant de l'importance au respect des règles et lois en vigueur, il juge que cette grève est illégale, car il n'y a pas eu de procédure de conciliation, donc pas de procès-verbal de non-conciliation. En outre, il estime qu'il n'y a pas eu aussi de consultation à bulletins secrets de l'ensemble des salariés. Il avertit que si les travailleurs entament la grève aujourd'hui, une fois de plus, le haut fourneau sera en risque, alors qu'il vient de redémarrer difficilement. Il a mis en exergue que la grève sera encore une fois préjudiciable à la santé financière de l'entreprise. Pour cela, il recommande de recenser qui est gréviste et qui ne l'est pas. Le P-DG précise que la convention collective de branche ne s'applique pas et que les augmentations prévues dans la convention collective de branche ne sont pas un droit. Toutefois, il rassure que l'investissement d'ArcelorMittal en Algérie, qui est de l'ordre de 150 millions de dollars, est en ligne avec ce qui était envisagé. Ce responsable a démontré que le complexe a toujours été en deçà de ses capacités nominales. Néanmoins, sa production s'améliore. Elle est passée en rythme annuel de 487 000 à 714 000 tonnes d'acier liquide. Sa productivité est par conséquent passée de 75 à 118 tonnes par personne et par an, avec un taux de fréquence accident qui est passé de 6,5 à 3.