Un Airbus A 321 de la compagnie Air-Méditerranée, en provenance de Paris (France), a atterri, lundi, sur le tarmac de l'aéroport Ferhat Abbas, inaugurant la première liaison internationale entre Jijel et des villes françaises, a-t-on constaté. Deux cent cinq passagers étaient à bord de cet aéronef d'une capacité de 220 places qui assurera, désormais, chaque lundi (matin et après-midi), des dessertes entre Jijel, Paris (Orly) et Mulhouse. En outre, pour ce baptême international, des passagers, la plupart originaires de la wilaya de Jijel, ont accueilli avec satisfaction cette initiative destinée à désenclaver la région et à lui permettre une ouverture sur l'extérieur. Parmi ces passagers, le directeur commercial d'Air-Méditerranée, Dominique Mersche, a indiqué que sa compagnie souhaite "assurer cette liaison toute l'année" et pense d'ores et déjà à "multiplier les rotations" entre Jijel et les villes françaises de Paris et de Mulhouse. Outre Jijel, la compagnie française de charter Air-Méditerranée assure déjà des liaisons sur Oran et bientôt sur Alger, selon ce responsable, surpris par les youyous stridents qui ont fusé à l'entrée de la salle de débarquement, où les différents services (PAF et douanes) étaient mobilisés pour traiter ce premier vol international. A cette occasion, Rabah Neghiz, résidant en France depuis 48 ans et originaire de la ville de Jijel, avoue "avoir du mal à réaliser" qu'il débarque directement sur son sol natal grâce à cette liaison aérienne internationale, tandis que la jeune Kemiha, étudiante en France, qui se dit "très satisfaite", estime que cette liaison est un "vieux rêve" qui vient de se concrétiser. Une vraie fête spontanée s'est créée à même l'aérogare, où une ambiance peu coutumière a régné peu après que les passagers eurent foulé le tarmac de l'aéroport de Jijel. Cependant, de son côté, le directeur général de l'Entreprise de gestion des services aéroportuaires (EGSA - Constantine), Hamid Ighilahriz, a estimé que l'aéroport de Jijel présente toutes les commodités et les conditions d'accueil à même de permettre aux passagers de voyager dans de bonnes conditions à l'arrivée et au départ. "Nous sommes prêts à accueillir d'autres compagnies aériennes", a-t-il affirmé. L'aéroport Ferhat Abbas avait effectué avec succès la dernière opération du pèlerinage aux Lieux Saints de l'Islam. Selon le directeur de wilaya des travaux publics, la piste d'atterrissage sera prochainement renforcée et portée de 2.400 m à 3.000 mètres de long, et ce, après étude de faisabilité. Ces travaux sont destinés à consolider la piste, homologuée à l'origine pour des avions de type Boeing 727, a indiqué à l'APS, Abderrazak Kamouche. Ainsi, n'accueillant que le Beechcraft King Air (7 places) à ses débuts dans les années 1980, l'aéroport Ferhat Abbas, sur lequel veille le nom d'une figure emblématique du mouvement national, a franchi de nombreuses étapes avant l'atterrissage, lundi, du premier Airbus version A 321. A l'origine, plateforme servant d'accueil et d'envol d'avions militaires pendant la Seconde Guerre mondiale, utilisée ensuite par les forces d'occupation durant la lutte de Libération nationale, cette infrastructure, abandonnée depuis 1962, a été reprise peu après pour abriter un aéroclub éphémère. En revanche, l'idée d'ouvrir cet aéroport au trafic aérien pour les liaisons entre Jijel et la capitale avait "timidement" germé au début des années 1980 : de petits "coucous" du type Beechcraft King Air (7 places) avaient alors annoncé le baptême de l'air de ce qui fut l'aéroport d'El Achouet, au cœur d'une paisible contrée verdoyante. En effet, l'aérogare, quant à elle, se limitait à une petite "bicoque" rappelant vaguement un chalet de montagne suisse, où les passagers étaient confinés pendant des heures dans l'attente d'embarquer, avec très peu de commodités. La tour de contrôle était, elle aussi, presque invisible dans ce vaste espace entouré de broussailles et d'arbustes, entre mer et montagnes. Ce fut ensuite au tour du "Fokker", d'une capacité de 40 places, de se poser sur le tarmac, après le lancement de quelques travaux de réhabilitation de l'aéroport. Dans la foulée, la piste d'atterrissage a été agrandie pour permettre l'accueil d'avions gros porteurs, tels des Boeing 727, dont le premier avait atterri, à titre d'essai, en mars 1996. L'aéroport a été doté d'une nouvelle piste "ripée" par rapport à l'ancienne en raison de la proximité de cheminées de la centrale thermique d'El Achouet, située à un jet de pierres et qui présentaient un risque potentiel pour la navigation aérienne. Dans le même contexte, le taux de remplissage, dans les deux sens entre Jijel et Alger, a encouragé le renforcement des dessertes régulières, à la grande satisfaction des usagers qui empruntaient auparavant la célèbre route sinueuse de la corniche, mettant plus de cinq heures pour rallier la capitale. Toutefois, dans la wilaya de Jijel, l'avion a également contribué au développement socioéconomique de la région pour assurer une meilleure ouverture de celle-ci sur les autres régions du pays et faciliter le déplacement des personnes. Les récents programmes de modernisation des infrastructures aéroportuaires nationales ont été profitables à la région de Jijel, aujourd'hui dotée d'une nouvelle aérogare de 6.000 m2, plus fonctionnelle, en mesure de booster le trafic aérien entre Jijel et d'autres villes du pays, d'une part, et avec des villes européennes, d'autre part. Le projet en voie d'achèvement a bénéficié d'une enveloppe de plus de 700 millions de dinars, selon les responsables en charge du secteur des transports. Aujourd'hui, cette plate-forme aéroportuaire s'est frayée son chemin du fait qu'elle contribue activement à l'essor socioéconomique de la région. De vocation régionale, l'aéroport de Jijel a obtenu, aujourd'hui, un statut d'aéroport international avec les premières liaisons avec des villes françaises comme Paris, Lyon et Mulhouse. Demain, ce sera d'autres dessertes, selon des responsables de la compagnie nationale Air Algérie. Il est également à noter que la wilaya de Jijel, qui a lancé de nombreux programmes de développement touchant à plusieurs secteurs, a pris cette fois-ci le train de l'avion alors qu'elle confinait longtemps dans un silence quasi olympien, car des routes modernes, ports (Djendjen, Boudis, Ziama Mansouriah et El Aouana, en cours de réalisation) ajoutés au transport aérien, cette région a fait des pas de géant pour sortir de l'isolement et de l'enclavement auxquels elle fut longtemps confrontée.