Le président George W. Bush a exhorté samedi les démocrates à approuver une enveloppe de 100 milliards de dollars pour la guerre en Irak sans lier ce financement à un calendrier de retrait du contingent américain, tandis que l'opposition lui demandait d'accepter un compromis. Dans son allocution radiophonique hebdomadaire, Bush a de nouveau reproché à la majorité démocrate du Congrès de ne pas approuver les mesures qui doivent lui permettre d'attribuer les fonds, en soulignant que le retard ainsi provoqué risquait de prolonger l'affectation des soldats en Irak."Le résultat du non-financement de nos troupes par le Congrès, c'est que certaines familles de militaires risquent d'attendre plus longtemps le retour de ceux qu'elles aiment des lignes de front", a dit le chef de la Maison blanche. Howard Dean, président du comité national démocrate qui avait brigué l'investiture de son parti en 2004, a dit pour sa part que Bush devait renoncer à sa rhétorique du 'tout ou rien' et respecter la volonté de ceux qui ont élu des démocrates en vertu de leur opposition à la guerre d'Irak."Il est temps que le président et les républicains du Congrès cessent d'essayer de passer en force sur cette question et coopèrent avec les démocrates pour mettre fin à la guerre. Il est temps que le président manifeste du respect aux Américains, qui ont voté massivement pour qu'on quitte l'Irak", a-t-il dit.Les tirs croisés sont devenus quotidiens entre les deux camps à propos du financement de la guerre, et tout fait penser que cet état de choses peut durer des semaines, sinon des mois. En mars, la Chambre des représentants et le Sénat ont approuvé de justesse des plans de financement non identiques sur un calendrier de retrait pour l'an prochain. Il leur faudra fondre leurs versions respectives en un seul texte de loi pour le transmettre à Bush.Le président a menacé d'y opposer son veto et d'obliger les démocrates à lui envoyer un texte qu'il soit en mesure de signer. Ceci constitue l'exemple le plus marqué de "stratégie du bord de l'abîme" depuis le refus du président Bill Clinton de signer en 1995 un projet de budget d'inspiration républicaine, qui avait entraîné une "fermeture" des administrations jusqu'à ce que les républicains fassent marche arrière à contrecoeur. Des responsables de la Maison blanche comptent sur l'opinion pour se rallier au président bien qu'il soit politiquement affaibli et conserve peu de crédibilité sur la question irakienne. Les démocrates, eux, pensent avoir le dessus parce que les élections de novembre dernier, qui leur ont rendu le contrôle du Congrès, étaient considérées comme un référendum sur l'Irak.Stephen Hess, professeur à l'Université George Washington de Washington spécialisé dans les médias et les affaires publiques, envisage un scénario dans lequel les démocrates finiront par devoir transiger parce que les Américains tiennent à soutenir les troupes mobilisées pour la guerre.