La crise alimentaire s'aggrave au Niger. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a décidé de doubler son aide pour faire face à la hausse de la malnutrition aiguë parmi les enfants de moins de cinq ans, a indiqué l'organisation. Le PAM fournit déjà une assistance à 2,3 millions de personnes affectées par la sécheresse au Niger. Il va renforcer ses opérations pour atteindre deux millions de personnes supplémentaires, surtout des enfants de six à 23 mois et les femmes enceintes, a précisé l'agence de l'ONU. La semaine dernière, une nouvelle enquête a montré que le taux de malnutrition sévère dans l'ensemble du pays a atteint 16,7% chez les enfants de moins de cinq ans, comparé à 12,3% l'an dernier. Dans certaines régions plus touchées, un enfant sur cinq souffre de malnutrition. Le seuil d'urgence est dépassé. Le PAM demande aux donateurs cent millions de dollars supplémentaires pour répondre aux besoins. Il avait déjà doublé son aide en avril et lancé un appel de 186 millions de dollars. La Fédération internationale de la Croix-Rouge avait pour sa part annoncé mercredi le triplement de son aide et demandé 3,6 millions de francs pour assister 385'000 personnes. Depuis plusieurs mois, la situation alimentaire au Sahel se fait de plus en plus précaire. Déjà délicate en temps normal, la période transitoire ou " de soudure " entre l'épuisement des réserves et les prochaines récoltes céréalières, attendues pour octobre prochain, s'annonce en effet extrêmement problématique. Les raisons de cette insécurité alimentaire sont multiples. La principale tient à la chute de 25 % de la production agricole, due à l'insuffisance des pluies. D'après l'IRD (1), on a ainsi enregistré au Niger une baisse de 30 % de la pluviométrie entre 2008 et 2009. Mais d'autres facteurs entrent également en ligne de compte, à l'instar d'une productivité insuffisante des systèmes agraires et de l'augmentation continue des populations. A l'heure actuelle, le Niger, le Mali, le Tchad et le Burkina Faso sont les pays les plus concernés par la crainte d'une " période de grande vulnérabilité des populations ". Près de 10 millions de personnes seraient ainsi menacées, tout particulièrement les enfants. D'après le Programme Alimentaire Mondial, 44 % des enfants seraient affectés par les pénuries au Niger. Outre un appel à la mobilisation des gouvernements et des ONGs, la recherche scientifique entend, elle aussi, intensifier ses travaux, en travaillant notamment à l'amélioration des prévisions des aléas climatiques, à l'approfondissement des travaux de prospectives démographiques et alimentaires ainsi qu'à l'adaptation des céréales sahéliennes telles que le mil, le sorgho ou le riz africain.