La courge du M'zab, appelée localement Takhssait, Tamissa ou El Garaa, un cucurbitacée atypique à la région, de couleur blanche teintée de vert et à la forme ogivale, est incontournable dans les délices de la gastronomie de Ghardaïa, en particulier le savoureux couscous ou le ragoût. Cette courge aux différentes formes et poids, appelée également "calebasse" ou "gourde", dont le fruit charnu est utilisé en sauce pour la préparation du célèbre repas de mariage, le couscous à la viande de chamelon ou d'agneau. Selon les services agricoles de la wilaya, les superficies consacrées à cette culture ont atteint durant la saison écoulée environ 400 hectares, soit une production globale d'environ plus de 44.000 tonnes. Les spécialistes mettent l'accent sur les spécificités de cette culture de la famille de cucurbitacée qui s'accommode avec l'environnement et la situation géographique de la région, outre la possibilité de son stockage pour de longues périodes à l'air libre. Originaire de pays tropicaux, cette courge a été introduite dans la région au 18è siècle, avant de s'accommoder avec l'environnement de Ghardaia et devenir un légume atypique à cette contrée. La culture de cette "Garaa" se pratique le long de la vallée du M'Zab et les oueds affluents ainsi qu'à Metlili, Berriane, Guerrara, Zelfana, Hassi Lefhal et Mansourah. Son irrigation se fait par des puisards équipés parfois de motos pompes. Cette production très consommée dans la région comme légume de base fait l'objet d'un commerce florissant qui bat son plein en période estivale. Cette courge, cultivée comme plante potagère dans la plupart des jardins familiaux de la wilaya, est très prisée dans la gastronomie riche en couleurs et en saveurs des habitants de Ghardaia. Plante rampante ou grimpante, à longues tiges ramifiées munies de vrilles appelée également "courge coureuse du M'Zab", elle est facile à cultiver, explique Hadj H'mida, agriculteur de Ghardaia. Il suffit, dit-il, d'un sol humide et suffisamment ensoleillé pour qu'elle se développe, la terre arable de la région, dont l'alcalinité du sol, étant favorable à ce type de cultures. La chair et les graines sont utilisées fréquemment en médecine traditionnelle, souligne pour sa part Hadj Salah, un herboriste de Ghardaia. "On conseille souvent le jus ou suc d'une courge pour calmer certains maux", explique-t-il. "On lui attribue de grandes vertus. Ses graines sont utilisées à préparer une émulsion pectorale et rafraîchissante prescrite pour certains coups de froid ou certaines inflammations, affirme de son coté, un septuagénaire de Ghardaia, qui ajoute, sûr de lui: "mixés avec du miel naturel, on lui attribue aussi des vertus aphrodisiaques". Selon des nutritionnistes, la courge a des vertus médicinales et contient surtout de la vitamine A. Il existe plusieurs variétés de courges dans la région de Ghardaia (la citrouille, le potiron, la calebasse et la courgette). Elles sont consommées à l'état frais comme légume, dans différentes sauces, et servent également à la fabrication de confiture d'El-Garâa. La courge du M'Zab, dont les graines sont aussi conservées comme semence et aussi pour la consommation une fois grillées et salées, est également utilisée comme ornement et ombrage des jardins de Ghardaia pour ses feuilles. Les habitants de Ghardaia ont également su tirer avantage de cette courge qui, une fois séchée et vidée, est aussi utilisée comme de petits abreuvoirs ou trémies pour les volatils et sert, encore aujourd'hui, à boire le traditionnel jus "Takerouayet" (infusion de plantes et d'épices), déclarée boisson de la région du M'Zab. Une fois sèche, la courge du M'Zab est utilisée parfois comme repère d'un monument funéraire permettant de reconnaître la tombe du mort.