Les prix du blé, et dans une moindre mesure du maïs et du soja, ont de nouveau fortement progressé cette semaine sur le marché à terme de Chicago, montant à des niveaux plus vus depuis plusieurs mois alors que la production pourrait se révéler moins abondante que prévu. Les sommets "reflètent les conséquences haussières des récentes réductions à la baisse des prévisions de production en raison de conditions climatiques défavorables", ont noté les analystes de Barclays Capital. Le blé, qui n'avait plus été aussi cher depuis novembre, est dopé par le temps chaud et sec qui règne sur l'Europe, notamment à l'Est. Les autorités russes ont déjà annoncé que neuf millions d'hectares de surfaces cultivées ont déjà souffert de la sécheresse, et ont réduit leurs prévisions de récolte pour 2010, à 85 millions de tonnes de céréales contre 95 millions attendus jusqu'alors. Il est vrai que le pays connaît une canicule sans précédent. Dix-neuf régions en particulier souffrent de cet épisode climatique extrême, majoritairement situées dans le bassin sud de la Volga où l'eau, qu'elle soit potable ou destinée à l'arrosage, manque cruellement. "Là-bas, ce n'est pas une question de préjudice financier, mais de survie des paysans !", s'est alarmé Pavel Skourikhine, président de l'Union nationale des producteurs de blé, lors d'une conférence de presse organisée à Moscou. Plusieurs exploitations risquent la faillite. Devant l'urgence de la situation, les autorités du pays se sont déclarées prêtes à aider ces dix-neuf régions. Des crédits budgétaires seront accordés, à des taux très inférieurs à l'inflation (2 % par an sur cinq ans). Une enveloppe globale de 40 milliards de roubles est évoquée (environ un milliard d'euros), un chiffre correspondant au montant des pertes telles qu'évaluées par le quotidien Kommersant. Selon Barclays, "de nouvelles révisions à la baisse des prévisions de production de blé en Russie sont probables", vu que la sécheresse se poursuit. Le département américain de l'Agriculture avait réduit au début du mois sa prévision de production mondiale, en raison de la météo défavorable en Europe, mais aussi d'importantes pluies au Canada. Maïs et soja ont suivi le mouvement, leur prix atteignant leurs plus hauts niveaux depuis respectivement janvier et mai. Ils ont été aussi soutenus par la perspective de températures chaudes dans le Midwest américain, qui concentre une grande partie des cultures du pays. Autre facteur positif pour les cours, le dollar a nettement baissé dans la semaine, tombant au plus bas en deux mois face à l'euro. Cela rend la production américaine plus attractive à l'exportation que celle des producteurs européens. Vers 9h40 vendredi, le contrat de blé à échéance de septembre s'établissait à 5,8675$ contre 5,38$ une semaine auparavant. Le contrat de maïs pour livraison en décembre valait 4,0375$ le boisseau (environ 25 kg), contre 3,9525$ il y a une semaine. Le contrat de graines de soja à échéance de novembre montait à 9,86$ le boisseau, contre 9,5325$ vendredi dernier.