Les cours des céréales ont progressé sur le marché international. Les prix du maïs, du soja et du blé ont , en effet, fortement progressé au cours de la semaine écoulée sur le marché à terme de Chicago, portés par des inquiétudes sur la production, et notamment sur une maladie attaquant le maïs. En début de semaine, le rapport mensuel du département américain à l'Agriculture (USDA) sur l'offre et la demande a soutenu les prix du maïs. Le ministère a en effet revu à la baisse ses prévisions de production américaine, ainsi que son estimation de stock mondial pour la fin de la campagne, alors que les rendements aux Etats-Unis diminuaient.Certains analystes de renom, à l'image de ceux de Morgan Stanley, estimaient que d'autres révisions à la baisse étaient à prévoir, en raison des retards dans les récoltes aux Etats-Unis et des "inquiétudes concernant leur qualité", dues aux importantes précipitations intervenues depuis deux mois. Cette météo est par ailleurs à l'origine de rumeurs selon lesquelles un champignon, la vomitoxine, est en train d'attaquer un maïs dont la moisson a été retardée. "Cela fait deux semaines que l'on en parle mais cela a fait bouger le marché ces deux derniers jours", a expliqué Bill Nelson, de Doane Advisory Services. Vendredi, vers 16H30 GMT le contrat de maïs à échéance décembre valait 3,9125 dollars le boisseau (environ 25 kg) contre 3,67 dollars en fin de semaine dernière. Celui pour livraison en mars valait 4,06 dollars.Le contrat de graines de soja à échéance janvier s'établissait lui à 9,99 dollars contre 9,55 dollars. Le contrat de blé pour livraison en décembre s'échangeait à 5,38 dollars contre 4,9725 vendredi dernier en clôture. Celui pour livraison en mars était à 5,5950 dollars. Les investisseurs se sont tournés en conséquence vers le soja, qui est un concurrent du maïs pour l'alimentation animale."Le marché suppose que cela va augmenter la demande pour les tourteaux de soja ", a précisé Bill Nelson.Les prix du blé ont aussi augmenté, même si le rapport de l'USDA a mis de nouveau en lumière des réserves abondantes. D'une part, des changements envisagés par rapport aux délais de livraison ont poussé les détenteurs de positions à court terme à se protéger en rachetant des contrats, a expliqué Bill Nelson. D'autre part, les pluies, qui avaient cessé sur la région du Midwest, sont réapparues sur les cartes de prévisions des météorologistes, relançant les inquiétudes sur les semis de blé d'hiver, qui pourraient ne pas être effectués à temps ce qui limiterait la production de l'été prochain, a ajouté l'analyste.La progression de la semaine s'est faite en dépit des faiblesses du baril de pétrole, et d'un petit redressement du dollar.Si ces tendances, toutefois effacées vendredi, devaient continuer, en plus d'un temps clément, le marché pourrait se retrouver sous pression d'ici 2011. Par ailleurs, la production mondiale de céréales atteindra 2,234 milliards de tonnes métriques cette année, soit davantage que ce qui avait été prévu en juillet dernier et ce, en raison d'une meilleure récolte de blé, a fait savoir l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). La récolte totale de céréales baissera tout de même par rapport au record atteint l'an dernier, soit 2,28 milliards de tonnes, a précisé la FAO. La dernière prévision est tout de même de 26 millions de tonnes de plus que l'estimation antérieure. "Une combinaison de perspectives intéressantes quant à la production et le report relativement élevé de stocks de la saison précédente ont pour effet d'atténuer les inquiétudes en ce qui concerne la situation de l'offre globale, à tout le moins pour la saison présente", a soutenu la FAO. Les stocks mondiaux de céréales grossiront d'environ 4 millions de tonnes à 509 millions de tonnes l'an prochain, soit le niveau le plus élevé depuis 2002, selon la FAO. Les stocks de blé augmenteront de 6% à 183 millions de tonnes. On prévoit que les stocks de céréales secondaires diminueront de 1,8% à 205 millions de tonnes tandis que les réserves de riz baisseront de 2% à 121 millions de tonnes, toujours d'après la FAO. Les analystes sont en tout cas pessimistes. Pour eux , les prix du soya et des céréales vont rebondir d'ici la deuxième moitié de 2011 et jusqu'aux niveaux record atteints l'an dernier. C'est ce qu'a déclaré d'ailleurs le directeur de l'Institut pour les négociations agricoles internationales. " les prix des produits agricoles vont revenir aux niveaux de l'an dernier selon les projections du redressement économique mondial l'an prochain", a soutenu hier Ernesto Liboreiro au cours d'une entrevue dans le cadre de la Conférence sur la chaîne agroindustrielle argentine. Dalila B.