A la veille du mois sacré de Ramadhan, qui coïncide avec la saison chaude, période propice à l'émergence de tout type de produits à qualité douteuse, l'Association des producteurs de boissons Apab, lance une campagne de sensibilisation des consommateurs, sur la qualité des boissons. Selon, le président de cette association, M. Ali Hamani, cette campagne a pour objectif d'attirer l'attention des consommateurs sur la qualité de certaines boissons proposées, notamment durant la période du jeûne. "Le message à transmettre sera diffusé via la presse écrite et la radio", a-t-il indiqué, lors d'une conférence de presse animée, hier, à Alger. "Cette démarche consiste à orienter le consommateur dans ses choix de consommation, vers ceux qui préservent sa santé", a-t-il ajouté. Le timing choisi pour le lancement de cette campagne de sensibilisation n'est pas fortuit. La prolifération des produits à qualité douteuse durant la période du jeûne est le moment favorable pour le lancement de cette initiative qui se veut objective. En effet, sur le message diffusé, aucune marque de produit n'est présentée, sauf qu'à travers cette initiative financée exclusivement par les membres de l'Apab, l'implication du citoyen dans l'assainissement de ce marché est perceptible. En fait, le citoyen peut grandement contribuer à enrayer les produits contrefaits des étals du marché, en l'orientant vers les choix judicieux des produits à consommer. Le consommateur est, ainsi, mis à contribution dans la première sortie médiatique des membres de l'Apab. Une sortie qui peut être perçue comme une montée au créneau des professionnels de la filière qui subissent les aléas de la contrefaçons. Assurément, cette première initiative, qui se veut générique, selon les dires de la secrétaire générale de l'Apab ne sera que le prélude d'une nouvelle vague de campagnes qui auront des sujets de plus en plus ciblés. Avant d'arriver à un "label national", les professionnels de la filière affiliés à l'Apab, comptent procéder par étape. En premier lieu, ils s'attaquent aux produits non-étiquetés. "Tous les produits non-étiquetés sont à éviter", souligne M. Ali Hamani. Ainsi, en évitant les produits douteux, beaucoup de contrefacteurs vont disparaître. Le procédé de labellisation de tout les produits présents sur le marché suivra. Pour ce faire, l'Apab, de l'aveu de son premier responsable, a soumis une demande pour rendre les normes les plus élémentaires en matière d'hygiènes des produits alimentaires (HACCP et ISO 22000). Des normes qui devront être imposées si l'on veut parvenir à l'assainissement du marché des boissons. Avec un chiffre d'affaires de près de 50 milliards de dinars et une consommation en évolution constante, la filière des boissons subit les méfaits de l'activité informelle. L'informel gangrène la filière et met la santé du consommateur en péril. Quelque 1600 producteurs sont recensés, or le nombre de ceux qui activent réellement ne dépasse pas 500 producteurs. Pour juguler ce phénomène, la labellisation des produits de la filière est plus que nécessaire, voire une assurance pour une intervention efficace de l'Etat pour séparer l'ivraie du bon grain. Il faut dire, en outre, que le vide juridique en matière d'appellation est montré du doigt. Le législateur algérien ne fait pas le distinguo entre une eau fruitée et une eau minérale et ce, malgré les exigences de la réglementation en vigueur, concernant les modalités d'étiquetage, relatives à la dénomination du produit, la nature des ingrédients et le nom du producteur. Cette omission du législateur s'est répercutée sur le consommateur qui se trouve livré à lui-même dans la jungle des produits. Pourtant, un dossier est adressé par les professionnels de la filière aux autorités compétentes. Dix années après, ces doléances sont tombées dans l'oreille d'un sourd. Il faut dire, enfin, que l'initiative entamée n'est que la conséquence de l'inertie des pouvoirs publics qui tardent à réagir aux nombreuses entraves que rencontrent les vrais professionnels de la filière boisson. Même si les membres de l'Apab ne se montrent pas explicites à ce sujet, il est perceptible, en revanche, qu'ils comptent prendre le destin de leur filière en mains en mettant le consommateur à contribution pour l'assainissement du marché.