Deux ans durant, le réalisateur Mohamed Hazourli ne cessait de dire à qui voulait l'entendre, et surtout aux journalistes, qu'il allait reprendre sa fameuse série " Aâssab Oua Awtar " d'il y a plus de 20 ans, et qu'il ne lui restait qu'une paraphe avec l'ENTV. Sa série version 2010 est née, elle est actuellement en diffusion sur pratiquement les trois chaînes clonées de l'ENTV. A qui s'adresse "Aâssab Oua Awtar" ? Dans quelle genre pouvons-nous classer la série ? A voir les premiers épisodes de cette série diffusée vers 21h sur Canal Algérie on a un haut le cœur. Hazourli est resté dans les effarants clichés de ces petits produits de l'ENTV qui mettent inlassablement la femme face à ses fourneaux et l'homme avec son couffin et ses crises du marché. Que nous apprend Hazourli sur nous ? Rien. Il nous ennuie surtout lorsqu'il met ses lamentables personnages (pour la plupart originaire de l'Est) dans des situations ridiculement clownesques. Il essaye à cor et à cri de faire de l'humour mais il n'y parvint pas. En art, quand on se force ça se voit tout de suite et çà devient intéressant car ça ne coule pas de source, ce n'est pas travaillé au départ avec un peu d'intelligence. A quoi sert "Aâssab Oua Awtar" ? A rien ! Même pas à rire de nous ; c'est tellement puérile qu'on se demande pourquoi nos réalisateurs refusent de grandir avec les formidables produits cinématographiques qui se font partout. Le cinéaste qui a auparavant signé un flop, "Ali oua Ali oua Ali " à la faveur de " Alger capitale de la culture arabe 2007", a dans la même série, montré deux fois le robinet en expliquant qu'il n'y avait pas assez de pression. Une fois aurait suffit pour que le public comprenne. C'est ce qu'on appelle de la redondance, et cette redondance prouve que le cinéaste n'a vraiment pas de chose à dire. Pour tout dire, Hazourli manqua d'idées. La preuve c'est que depuis la première série de "Aâssab Oua Awtar" l'un de ses personnages ne quitte pas le couffin ni le marché. Déridant son visage, ce personnage se lamente sur les prix. Rien de neuf, sauf que Hazourli a allongé le titre de sa pitoyable série : "Aâssab Oua Awtar wa afkar" au lieu de "Aâssab Oua Awtar." Très pompeux ce titre, surtout lorsqu'on ne voit que des idées, on n'en trouve pas dans cette lamentable série qui ne fait pas rire, mais qui semble exhiber comme un handicapé exhibe son membre pour faire l'aumône. Telles sont les carences intellectuelles du réalisateur . On sort de "Aâssab Oua Awtar wa afkar" frustré par tant de gâchis, d'autant qu'on a l'impression que cette série est faite pour que l'équipe de tournage s'amuse : hôtel de luxe, déjeuner royale, voyage à l'intérieur du pays…. sans que le produit ne convainc qui que ce soit. Qui est Mohamed Hazourli ? Mohamed Hazourli est né à Tébessa le 8 janvier 1948. Il poursuit ses études primaires et secondaires dans sa ville natale, pour passer ensuite au lycée Hihi El Mekki. En 1968, il rejoint l'Ecole nationale des arts dramatiques et chorégraphiques (INADC) de Bordj El Kiffan. Entre 1968 et 1969, il effectue une session de formation dans le cinéma, en France, avant de rejoindre en 1970 la Télévision algérienne en tant qu'assistant réalisateur. Sa première œuvre est intitulée "Ramadhan Wa Ness " (Ramadhan et les gens), qui sera suivie par " Moghamarates Djeha" (Les aventures de Djeha), en 1971. Une année plus tard, il réalisera sept épisodes de la série "Ramadhan Wa Ness". A la même année, il réalise son premier long-métrage intitulé " Essekhab ", qui a été présenté au festival de Prague, en 1975. Par la suite, les portes du succès s'ouvrirent devant Mohamed Hazourli. C'est ainsi qu'il signera plusieurs de ses œuvres, dont "El Qitar " (Le train), et une œuvre dramatique " Echahada " (Le témoignage), en 1974. Son deuxième long-métrage, il le réalisera en 1975. Ce film, intitulé "El Alam" (La douleur), porte sur la guerre de Libération nationale et les évènements du 8 mai 1945. Il ne se consacre pas seulement au cinéma, mais aussi aux variétés. Il réalisera, dans ce sens, l'émission "Minkoum wa ilaykoum" (Par vous et pour vous) et " Sawt El Ouadi "(La voix de l'oued) avec l'artiste Abdellah Menaî. Il a également réalisé, en 1980, l'émission "El'liqua el kebir" (La grande rencontre), et puis l'émission "Sanawat min baâd" (Quelques années plus tard) et "Michaâl El Houriya" (Le flambeau de la liberté) tournée à Skikda en 1982. Suivra ensuite "El Jisr El Kebir" (Le grand pont) durant les années 1988, 1989, 1990. Il s'agit là, en effet, d'une émission de variétés regroupant l'Algérie, la Tunisie, la Mauritanie et la Libye. Quoiqu'il en soit, le nom de Mohamed Hazourli est étroitement attaché à l'émission "Aâssab wa aoutar" (Des nerfs et des cordes), qui a été diffusée, pendant 20 ans, au mois de Ramadhan, de 1978 à 1998.