La Maison de la culture de Tizi Ouzou n'a jamais été aussi festive que se ramadhan où des têtes de la chanson kabyle à l'image de Massa Bouchafa, Aït Menguellet se sont succédées sur scène. Et c'est pas fini ! L'institution annonce pour ce mercredi 8 septembre une grande affiche : Akli Yahiatène. Le lendemain place à un autre chanteur tout aussi connu, Belaïd Tagrawla qui clôturera ces nuits ramadanesques après de belles affiches qui l'ont précédé à la Maison de la culture Mouloud Mammeri, comme Chérif Douzène, Mohamed Azikiw et Mayless. Il est presque certain que le concert de Da Akli se déroulera à guichets fermés vu sa réputation chez les kabyles. A 77 berges, le chanteur kabyle Akli Yahiatène, qui s'était exilé en France durant plus de 40 ans n'a rien perdu de son énergie. Son retour triomphale s'est effectué en 2002, et depuis, il est régulièrement visible sur l'arène des spectacles. Vieilli certes, et ça se voit rien que sur le cou très mou, car l'artiste n'a aucune ride ni aucun cheveux blanc. Le Ramadhan de l'an dernier était une occasion pour lui, d'animer pas moins de neuf récitals, lors d'une tournée qui l'avait mené à Médéa et Oran. Il est remonté à la salle El Mouggar avec les cinquante musiciens de l'Orchestre symphonique national et une imposante chorale. Il était visible aussi à Tizi Ouzou où il compte de nombreux fans. Le chanteur a avoué dans un entretien qu'il en avait " des frissons pour ce concert", ajoutant que "c'est la vraie musique avec un orchestre de classe. C'est ainsi que je conçois cet art avec sa rigueur, sa discipline, son professionnalisme, ses hautes valeurs et compétences artistiques. Remonter sur scène est devenu une banalité pour lui car, depuis 2002 jusqu'à ce jour et surtout durant le PANAF-2009, il a eu son lot de concerts. Le retour sur l'arène il l'a certes accompli mais cet enfant de Ath Mendès dans la région de Boghni (W de Tizi Ouzou), n'a pas signé d'album depuis plus de 12 ans. Un bail ! En revanche le chanteur de l'exil a l'intention de graver sur CD toutes les chansons sorties en 33 tours ou en 45 tours chez Pathé Marconi, l'une des rares maisons de disques qui produisait les africains en France, dans les années 50. Akli Yahiatène veut, à travers ce travail, faire connaître toutes ses chanson à son public et non pas seulement ses succès comme " Ya lmanfi." Son retour sur scène s'est fait naturellement, accompagner par un retour du public qui continue à l'apprécier comme un artiste authentique de la chanson chaâbie kabyle, puisée dans les souffrances, des émigrés, "ces bras en fer " qui ont construit la France après la Seconde Guerre mondiale dans des conditions d'extrême précarité. Et c'est ça que chante Akli, qui a embarqué pour la France à l'âge de 21 ans à la recherche d'un boulot. Il n'a pas connu les bancs de l'école, mais il s'initie dès son arrivée en France à la mandoline. Avant d'être embauché par Citroën, Akli Yahiatene vit de petits métiers en s'adonnant à son art favori, la musique pendant ses temps libres. Le pays " Tamurth ", " l'ghorva", (l'exil) …..sont les thèmes qui se sont imposés à ce chanteur qui a eu, à peu près le même parcours que ses compères, Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui… Comme eux il a rencontré le compositeur et chef d'orchestre Amraoui Missoum qui l'encourage à éditer ses 33 tours. Comme eux, il a chanté l'amour de la patrie…dans notamment " Inas i mlaayun Taos " (1959), " Thamurthiw " (Mon pays) qu'il compose en 1962, " Jahagh bezzef dhameziane " (Je me suis exilé trop jeune), " Zrigh ezzine di Michelet " (j'ai rencontré la beauté à Michelet), " El Fraq bezzaf youar " (La séparation est trop dure), " Aminigh awal fahmith " (Je voudrais que tu comprennes) ou encore " Yedja yemas (Il a laissé sa mère). Son titre fétiche celui qu'il admire parmi tout les titres qu'il a signé, " Yal Menfi " (Le Banni), a été composé en 59 durant son séjour en prison, après être suspecté de collecter des fonds pour le FLN.