Neuf passagers français de la flottille arraisonnée par Israël au large de Gaza le 31 mai ont déposé une “dénonciation” pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité auprès de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, a annoncé mercredi 13 octobre leur avocate. La procédure de dénonciation, la seule accessible pour les particuliers, vise à ce que le procureur de la CPI saisisse la chambre préliminaire de la Cour pour être autorisé à faire une enquête. Déposée auprès du procureur de la CPI, la dénonciation vise le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, son ministre de la défense, Ehoud Barak, et son chef d'état-major, le général Gaby Ashkenazi, 'puisqu'ils ont revendiqué la responsabilité de cette opération', a précisé Me Liliane Glock, avocate de neuf des dix Français qui participaient à la flottille, ainsi que de deux veuves de Turcs tués lors de l'opération et d'un Turc rescapé. L'avocate, basée à Nancy, a en outre assuré qu'une dénonciation similaire allait être déposée jeudi au nom des autres victimes turques de l'attaque de la flottille. Neuf militants turcs avaient été tués dans des heurts avec les commandos de la marine israélienne lors de l'abordage du navire amiral de la flottille, dans les eaux internationales, alors que le bateau tentait de forcer le blocus israélien de la bande de Gaza. Les plaignants considèrent que l'attaque de la flottille d'une part, le blocus de Gaza d'autre part, constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Les plaignants font notamment valoir un rapport du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, qui affirme qu'il y a 'des preuves claires permettant d'appuyer des poursuites' contre Israël pour des crimes incluant l'homicide intentionnel et la torture à la suite de l'assaut. Notons que sur le front politique, les Etats-Unis ont invité mardi l'Autorité palestinienne à formuler une contre-proposition à l'offre israélienne de nouveau moratoire sur les colonies en échange de la reconnaissance par les Palestiniens du caractère juif de l'Etat d'Israël. Ces derniers ont suspendu leur participation à ces négociations en raison de l'expiration fin septembre d'un moratoire sur la construction de nouveaux logements dans les colonies juives de Cisjordanie. Face à ce blocage, le département d'Etat américain a invité l'Autorité palestinienne à formuler à son tour une proposition pour sortir de l'impasse. Benjamin Netanyahu a déclaré lundi qu'il était prêt à demander à son gouvernement de prolonger le moratoire sur les colonies de Cisjordanie si les Palestiniens reconnaissaient Israël en tant que "terre du peuple juif". Les Palestiniens ont rejeté cette proposition, à laquelle ils s'opposent de longue date. Pour eux, une telle reconnaissance reviendrait de fait à renoncer au droit au retour des réfugiés contraints de fuir ce qui est désormais le territoire israélien au cours des différentes guerres israélo-arabes. Ils soulignent en outre qu'une telle mesure risquerait de priver de leurs droits les arabes israéliens, qui représentent 20% de la population d'Israël. La communauté internationale juge illégales les colonies juives en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis la Guerre des Six-Jours en 1967. Les Palestiniens affirment que ces colonies constituent un obstacle à la création d'un futur Etat viable. Les Etats-Unis tentent de parvenir à une solution pour relancer les négociations de paix directes reprises le 2 septembre. L'émissaire américain George Mitchell devrait retourner bientôt dans la région et Jeffrey Feltman, secrétaire d'Etat adjoint pour le Proche-Orient, doit effectuer à partir de mercredi une tournée en Egypte, en Arabie saoudite, au Maroc et en France, qui s'achèvera le 22 octobre, a annoncé le département d'Etat.