Les craintes des conséquences de l'affaiblissement de l'économie mondiale, au moment où se développent des conflits monétaires et commerciaux entre les grandes puissances capitalistes, ont dominé la réunion semestrielle du Fonds monétaire international, organisée samedi à Washington. Cette rencontre n'a pu avancer de solutions pour ces problèmes. En fait, elle a révélé que les différends entre les grandes puissances, particulièrement entre les États-Unis et la Chine, s'accentuent. Une réunion du Fonds monétaire international (FMI) et de hauts responsables des principales banques centrales du monde se tient lundi à Shanghai, sur fond de craintes d'une guerre des changes, de conflit sur le yuan et de fragilité de la reprise économique dans les pays développés. La question des interventions récentes de plusieurs banques centrales pour faire baisser le cours de leur monnaie ne sera cependant pas, d'après le FMI, l'objet de la conférence, qui se tient à huis-clos avant un point presse prévu à 18h00 locales (10H00 GMT). Il s'agit selon le Fonds de "faire avancer les discussions sur la prise en compte des instruments prudentiels" par les banques centrales "afin de contribuer à assurer la stabilité financière"."La conférence est partie prenante des travaux internationaux en cours sur les défis posés par la crise financière mondiale", a expliqué le FMI. Lundi matin, les pourparlers étaient centrés sur les règles prudentielles à mettre en place pour éviter la faillite d'institutions financières risquant d'entraîner des économies entières dans leur sillage, a indiqué Xia Bin, un conseiller de la banque centrale de Chine, qui héberge ces discussions. Selon le FMI, des chefs de banques centrales et autres responsables de ces institutions sont venus pour l'occasion d'Asie, d'Afrique, d'Europe ainsi que d'Amérique du Nord et du Sud. La conférence de Shanghai fait suite aux réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale début octobre à Washington, où ont été débattues les mesures à prendre pour renforcer la reprise après la crise financière et consolider le système financier. Elle précède la conférence des ministres des Finances et des banquiers centraux des pays du G20, vendredi et samedi en Corée du Sud, elle-même préparatoire au sommet du G20 les 11 et 12 novembre à Séoul. La Corée du Sud a dit vendredi craindre que les tensions sur les taux de change ne conduisent au protectionnisme. Mais Séoul s'est vu accuser par Tokyo d'être intervenu pour faire baisser le cours du won. Les pourparlers se déroulent aussi sur fond de conflit entre la Chine et les Etats-Unis, ces derniers accusant Pékin de profiter de la faiblesse de sa monnaie pour conquérir des parts de marchés à l'extérieur. La Chine a de son côté envoyé les Etats-Unis dans les cordes la semaine dernière en accusant les Américains de faire porter à Pékin la responsabilité de leurs difficultés économiques internes. "La raison fondamentale de cette guerre des monnaies est que la Réserve fédérale américaine fait tourner la planche à billets", a estimé lundi le Financial News, l'un des principaux quotidiens économiques chinois. La Chine souffre moins que ses concurrents de la faiblesse du dollar, auquel sa monnaie est arrimée par un taux de change étroitement contrôlé. Ses concurrents en Asie du Sud-Est ont vu leurs devises augmenter par rapport au billet vert. "Nous allons continuer à voir des conflits, particulièrement en Asie de l'Est. Des pays comme le Japon et la Corée du Sud ont des structures économiques similaires et tous deux n'ont qu'une marge de manoeuvre limitée pour ajuster leur politique monétaire", a déclaré He Fan, un économiste de l'Académie chinoise des sciences sociales participant à la conférence de Shanghai.