Il est vrai que nous avons assisté à une " désindustrialisation " dans les années 80. Non pas parce que furent fermées des usines, mais on a enregistré plutôt un arrêt de l'industrialisation, un arrêt des investissements étatiques, des investissements réalisés sur dépenses publiques. Seules les dépenses publiques (et les dettes extérieures contractées) à ce moment finançaient le développement. On entendait parler alors de nouvelles trouvailles, des solutions miracles, et celles-ci étaient nommées " clés en main" et " produits en main ". Cette décennie était caractérisée par la multiplication d'entreprises par divisions. Divisons par fonctions. Tailles plus petites pour les rendre plus gérables ou pour les privatiser? La crise financière de 1986, qui s'était traduite par un grand amincissement des ressources provenant de la vente des hydrocarbures, ne pouvait tout de même pas permettre de faire face à la fois au remboursement de la dette extérieure, des importations alimentaires et d'équipements pour faire fonctionner nos entreprises. La décennie 90, marquée par l'extrême violence, ne pouvait pas réellement permettre la reprise de l'industrialisation par les dépenses publiques, et encore moins par des investisseurs étrangers sous forme des IDE compte tenu de l'insécurité due au terrorisme. Tout investissement lourd à long cycle de rentabilité était considéré comme risqué, d'où la préférence des étrangers pour le commerce . Pourquoi à chaque fois charger de tous les maux les décennies précédentes qualifiées de ressources du mal, de laxisme, de fuite en avant, alors qu'en réalité, ces critiques entrent dans la catégorie des fixations sur soi-même et des " mea culpa " pour se réserver une marge de manœuvre ultérieure. Aujourd'hui encore il n'y a aucune économie de marché pour financer notre développement. C'est la dépense publique qui est destinée à financer ce qui porte le nom d'économie de marché.