Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université -Expert International- Economiste La politique de dépréciation du dollar correspondant à une politique volontaire afin d'essayer de réduire le déficit commercial et de limiter la valeur réelle des USA de leur endettement mondial libellé en dollars. Une forte remontée du dollar face aux principales monnaies mondiales, supposerait une forte hausse des taux d'intérêts de la Fed et une baisse de la création monétaire, en contradiction avec le programme du nouveau président US où l'économie américaine est caractérisée par un fort déficit budgétaire. Ce qui permet aux Etats-Unis de ressembler à une banque d'investissement qui se finance massivement en émettant de la dette( planche à billets) tout en investissant en actifs risques étrangers (stocks, investissements directs). Cependant existe une tendance contraire à cette dominance actuelle, expliquant la guerre des monnaies qui se fera de plus en plus vivace, certainement entre 2015/2020 avec l'entrée du Yuan chinois. Cependant, pendant une période transitoire, et ce au détriment de l'Europe si la cotation de l'Euro dépasserait les 1,50 dollar un euro , sinon plus, l'on pourrait assister à une stratégie convergente à travers le duo USA/Chine notamment à travers les bons de trésor représentant environ 45 % de la dette totale externe des Etats-Unis où sur 2450 milliards de dollars (juin 2010) de réserves de change chinois, une grande partie est libellée en dollars et les Chinois dépendant pour une grande fraction de leurs exportations des USA. Tout dérapage élevé du dollar pénaliserait le rendement des bons de trésor chinois déposés aux USA. Cette situation arrange les USA car toute reconversion des réserves de change chinois autre que le dollar entrainerait une chute importante du cours du dollar. Car, existe une loi économique, toute dévaluation, pour une économie productive, dynamise les exportations et toute réévaluation les freine, actuellement les cotations en baisse tant de la monnaie américaine que chinoise pénalisant un euro fort. La guerre des monnaies n'est pas étrangère à la lutte pour le contrôle des marchés au niveau mondial. Cependant l'expérience de la crise de 1929 où chaque pays ayant dévalué, cela a entrainé l'accélération de la crise au niveau mondial. Nous devons avoir une vision systémique globale, des respécialisations au niveau de chaque espace économique entre les actuels pays développés et les pays émergents grâce à leurs fort taux de croissance , l'avenir appartenant à la connaissance créatrice de forte valeur ajoutée à moyen terme, peuvent être profitables à l'expansion de l'économie mondiale sous réserve comme souligné précédemment d'une nouvelle régulation mondiale synchronisant la dynamique économique et la dynamique sociale, supposant de nouvelles institutions plus démocratiques au niveau mondial. Un protectionnisme généralisé ne ferait qu'accélérer la crise mondiale. V - La guerre des monnaies concerne -t- elle l'Algérie ? Bien que le système financier algérien soit déconnecté des réseaux internationaux et il ne faut pas s'en réjouir , les banques algériennes étant actuellement des guichets administratifs, et la bourse d'Alger n'étant pas une véritable bourse des valeurs, Sonatrach qui représente la véritable richesse du pays n'étant pas cotée en bourse où souvent des entreprises publiques structurellement déficitaires représentant plus de 98% des cotations achètent des entreprises déficitaires, ayant été renflouées grâce au trésor via la rente des hydrocarbures et les banques publiques représentant plus de 90% des crédits octroyés à l'économie , malades de leurs clients les entreprises publiques nécessitant des recapitalisations répétées, espérant que l'entrée récente de Alliance assurances puisse bouleverser ces comportements rentiers, la guerre des monnaies pourrait avoir de graves répercussions sur l'Algérie. Dans la mesure où une fraction des réserves de change algériens estimées à 150 milliards de dollars qui selon le ministre des finances devant l'APN en novembre 2009, 80% des réserves sont placées à l'étranger dont 45% en euros, 45% en dollars, 5% en yen et 5%en livres sterling la banque d'Algérie pour ces placements ayant joué, intelligemment, il faut le reconnaitre sur la loi des grands nombres. Encore faudrait-il être attentif au taux d'intérêt notamment la FED américaine et la banque centrale européenne variant entre 0,25% et 1,5%, pondéré par le taux d'inflation mondial donnant un taux négatif pour le rendement réel. Se pose cette question existant trois visions : la première est de les garder dans les banques centrales occidentales ; la deuxième option est de les injecter dans les circuits de développement. Et enfin la troisième option est d'investir à travers la création de fonds souverains du fait de la faiblesse des capacités internes d'absorption. Comme les importations algériennes sont libellées à environ 60% en euros et 98% des exportations représentées essentiellement par les hydrocarbures (la part hors hydrocarbures étant presque nulle 2/3% dont 60% de déchets ferreux et semi ferreux) malgré une forte dévaluation du dinar montrant une économie foncièrement rentière et que le blocage est d'ordre systémique. D'où d'ailleurs l'urgence d'un débat national ouvert concernant tant la gestion de la rente des hydrocarbures afin de préparer l'après hydrocarbures qui vont à l'épuisement dans 16 ans pour le pétrole et 25 ans dans le cas le plus optimiste pour le gaz qui sera fonction des vecteurs couts/prix (14/15 dollars pour le GNL le million de BTU et 10/11 dollars pour les canalisations (GN), alors que le prix du gaz non conventionnel fluctue depuis plus d'une année entre 4/5 dollars), de la forte consommation intérieure qui représenterait environ 75% des exportations entre 2016/2020 et des possibilités d'autres énergies substituables, ainsi que la gestion des réserves de change. Aussi, engageant l'avenir de la Nation, les autorités algériennes doivent être très attentives tant aux nouvelles mutations énergétiques mondiales qu'à la guerre des monnaies, vu l'impact qu'elles pourraient avoir sur l'économie algérienne.