1. Les perspectives de l'économie mondiale.Examinons au préalable la source de la crise actuelle dont la manifestation s'est faite en août 2007, date de la crise des prêts hypothécaires en cinq étapes : a-Les banques ont fait des prêts immobiliers à des ménages insolvables ou présentant peu de garanties, à des taux d'intérêts élevés ;b- diffusion des mauvaises créances dans le marché : pour évacuer les risques, les banques "titrisent" leurs créances, c'est-à-dire qu'elles découpent leur dette en produits financiers pour la revendre sur le marché. Docteur Abderrahmane Mebtoul professeur d'université en management stratégique expert international La mondialisation a fait le reste, en diffusant ces titres à risque dans les portefeuilles d'investisseurs de toute la planète. Les fonds spéculatifs (hedge funds) ont été de gros acheteurs de subprimes, souvent à crédit pour doper leurs rendements (jusqu'à 30 % par an), et faire jouer l'effet de levier, les hedge funds empruntant jusqu'à 90 % des sommes nécessaires ;c- retournement du marché immobilier américain : vers fin 2005, les taux d'intérêts américains ont commencé à remonter alors que le marché financier s'essoufflait. Des milliers de ménages ont été incapables d'honorer leurs remboursements entraînant des pertes pour les banques et les investisseurs qui ont acheté les titres obligataires ont vu leur valeur s'effondrer ; d- crise de confiance : les banques se sont retrouvées dans une situation ou comme dans un jeu de poker , elles savent ce qu'elles ont dans leur bilan , mais pas ce qui se trouve dans celui des autres car ces mauvais crédits immobiliers ont été achetés un peu partout dans le monde et on ne sait quelle est la répartition du risque d'où une grave crise de confiance et cette situation paralyse le marché inter- bancaire, les banques ne se prêtant plus ou très peu craignant que leurs homologues soient dans une ligne rouge ; e- intervention des banques centrales : face à la paralysie du marché, les banque centrales sont intervenues début août 2007 en injectant plusieurs centaines de milliards de dollars et d'euros de liquidités, les actifs toxiques continuant de produire leurs effets comme en témoigne la récente semi -faillite immobilière d'Abu Dhabi démontrant que les ondes de choc ne sont pas encore termines. Face à cette situation quelles sont les perspectives de l'économie mondiale ? Dans son rapport publié courant janvier 2010, la banque mondiale ( BM) note que le pire de la crise financière est derrière nous et la reprise économique mondiale est en cours, mais que cette reprise est fragile, l'ampleur globale de la reprise et sa durabilité dépendant du redressement de la demande des ménages et des entreprises sur les prochains trimestres 2010/2011. Selon le scénario de base de la BM, la croissance mondiale devrait atteindre 2,7 % en 2010 et 3,2 % en 2011 après s'être contractée de 2,2 % en 2009. Les hausses les plus marquées sont à signaler dans les pays en développement d'Asie de l'Est, reflétant, du moins en partie, le programme de relance de 4 000 milliards de yuans (soit 12 % du PIB) mis en place par les autorités chinoises jusqu'en 2010 (au titre duquel environ la moitié des dépenses ont déjà été réalisées). Selon la BM, on ne peut cependant pas exclure l'hypothèse d'une rechute en 2011, s'il advenait que la dépense publique se ralentisse et que la croissance ne soit pas reprise par l'entreprise privée, la croissance dans ce cas devant ralentir au second semestre 2010 à mesure de l'atténuation de l'impact des mesures de relance budgétaires et monétaires sur la croissance et de la fin du cycle des stocks actuel. Pour preuve la faible reprise de la sphère réelle, le nombre de sans-emploi dans le monde ayant atteint près de 212 millions en 2009, en raison d'une hausse sans précédent de 34 millions par rapport à 2007, à la veille de la crise économique mondiale, a annoncé le Bureau international du Travail (BIT) dans son rapport annuel sur les tendances mondiales de l'emploi publié fin janvier 2010. Et la proportion de travailleurs en situation d'emploi vulnérable dans le monde est évaluée à plus de 1,5 milliard, soit plus de la moitié (50,6 %) de la main-d'œuvre mondiale. Et ce nombre est susceptible d'avoir augmenté de plus de 100 millions entre 2008 et 2009 et la situation n'est pas prête de s'améliorer entre 2010/2011. Or qui dit chômage seul indicateur de la reprise de la sphère réelle, dit baisse de la demande solvable qui se répercute sur le niveau de l'appareil de production et l'Espagne le pays le plus frappé de l'Europe avec près de 20% du taux de chômage est un exemple significatif.. Comme ce rapport insiste, sur un facteur déterminant pour l'Afrique qu'au cours des 5 à 10 prochaines années, du fait de l'aversion accrue pour le risque, une réglementation plus prudente on s'attend donc à une baisse des apports d'IDE qui avaient atteint 3,9 % du PIB des pays en développement comme l'a souligné récemment l'économiste Jacques Attali de s'orienter vers une hyperinflation à la Weimar à l'échelle planétaire, mais fait nouveau , conséquence à la fois de la combinaison cette fois de bulles financières et de bulles budgétaires et l'expérience récente de la Grèce en faillite devrait être méditée: tout en évitant ce pronostic irréaliste du moins à court terme , selon mon point de vue, du moins durant la période 2010/2020, de penser que la Chine avec un produit intérieur brut ( PIB) légèrement supérieur à l'Allemagne , avec la somme modique de 2000 milliards de dollars de réserves de change et les pays du Golfe (environ 1200 milliards de dollars de fonds souverains avant la crise, les pertes étant évaluées provisoirement à plus de 500 milliards de dollars) alors qu'il faille diviser le PIB sur la population totale pour analyser objectivement la productivité et la demande solvable malgré un important marché intérieur, , permettra de suppléer à ce besoin immense de financement. L'atténuation de ce retour à l'inflation mondiale ne peut provenir que d'une distorsion des salaires entre les pays dits développés et les pays émergents dont la Chine , le Brésil et l'Inde supposant donc plus d'ouverture économique des pays développés et donc des respécialisations au niveau mondial rivant les pays émergents et certains pays du tiers monde dans la production de biens salaires à bas prix à destination des pays développés. Allons-nous dans cette tendance alors que les exigences supposent une élévation des niveaux et genre de vie de l'ensemble de la zone Sud ? Comme cette situation de l'endettement excessif notamment américain a des effets sur la cotation du dollar ayant perdu plus de 50% de sa valeur depuis 2000( cotation 0,89 dollar un euro) , cette politique de dépréciation du dollar correspondant à une politique volontaire de baisse du dollar afin d'essayer de réduire le déficit commercial et de limiter la valeur réelle de leur endettement mondial libellé en dollars. Car, la remontée du dollar face aux principales monnaies mondiales, supposerait une forte hausse des taux d'intérêts de la Fed et une baisse de la création monétaire, en contradiction avec le programme du nouveau président US dans la mesure où toute appréciation aurait pour conséquence le frein du marché immobilier (crédits inabordables du fait d'une hausse des intérêts sur les ménages endettés à taux variables), la consommation américaine pouvant être freinée avec le risque d'accélération des faillites des entreprises. Sa volatilité, facteur important pour la majorité des pays de l'Afrique dont le cours des matières premières et les réserves de change sont libellés en dollars, amenuisant leur pouvoir d'achat alors que les importations se font en d'autres monnaies dont l'euro qui s'apprécient par rapport au dollar. Cette donnée stratégique ayant un impact sur les balances de paiement de bon nombre de pays d'Afrique impliquant d'analyser sérieusement le duo de la stratégie américano-chinoise face à la dépréciation du dollar et de se poser cette question : stratégie convergente ou divergente américano- chinoise Car l'apparence ne doit pas faire illusion. La résistance relative, malgré le dérapage actuel, du dollar face à l'euro est liée à la liquidation par les investisseurs américains de leurs positions sur les marchés financiers internationaux et à la politique monétaire chinoise. Concernant justement les bons de trésor représentant environ 45 % de la dette totale externe des Etats-Unis, ils sont concentrés surtout au niveau de la banque centrale de Chine. Au mois de juin 2009, sur 2000 milliards de dollars de réserves de change chinois dont une grande partie libellée en dollars la Chine détient 712 milliards de dollars de bons du Trésor (selon les statistiques américaines). Malgré certaines déclarations contre l'hégémonie du dollar, la Chine continue à être un gros acheteur de bons du Trésor. Ainsi, la crise a rendu de facto l'économie américaine encore plus dépendante de la Chine car toute contraction de la demande affecte les exportations chinoises. Mais est ce que cette situation pourra continuer à l'avenir ? Tout dépendra de l'attitude de la Chine, premier créancier des Etats-Unis et tout le problème est le suivant, les chinois continueront-ils à acheter des bons du Trésor des Etats Unis où s'orienterons-ils vers les émissions des droits de tirages spéciaux émis recèmment par le FMI ? 2.-L'impact de la crise mondiale sur l'Afrique L'Afrique a une population de 944 millions en 2007, ayant doublé depuis 1980, pratiquement quintuplé depuis 1950 et s'orientant vers un milliard et demi (1,5) horizon 2020, les projections récentes de la banque mondiale estiment une croissance économique de l'ordre de 4,1%. .De manière globale, le produit intérieur brut (PIB) réel des pays exportateurs de pétrole (Angola, Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, Nigeria et Tchad) connaîtra une croissance de 5,5% tandis que celui des autres pays sera à 3,3%. Ces chiffres sont en augmentation par rapport aux projections de 2009 qui annonçait une variation du PIB de l'ordre de 1,1% seulement. Le rapport souligne que dans l'ensemble, les efforts effectués au cours de ces dernières années en faveur de l'assainissement des cadres macroéconomiques, permettent à l'Afrique de mieux résister à cette crise qu'aux crises passées. Certains pays ont même été en mesure de mettre en œuvre des politiques monétaire et budgétaire contra-cycliques, pour atténuer l'impact du choc, tout en préservant la viabilité de la dette. Mais il ne faut jamais oublier qu'il n'y a pas une Afrique mais des Afriques. La crise affectera au cas par cas. Les pays de l'Afrique australe et du Maghreb, sont économiquement plus prospères que l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Ouest. Des pays ayant des réserves de change importantes notamment les économies pétrolières africaines (Afrique du Nord et Afrique noire) ou des pays grands exportateurs de matières premières seront moins affectés que les pays les plus pauvres ou vivant uniquement du tourisme, ces derniers risquant de connaitre une récession. Selon les rapports de l'OUA de 2006/2007, sur 141 pays en voie de développement 95 soit les 2/3 sont tributaires à plus de 50% de leurs exportations des matières premières agricoles et minérales dont 80% pour l'Afrique subsaharienne.