La Réserve fédérale américaine a annoncé mardi qu'elle était prête si nécessaire à adopter des mesures supplémentaires pour relancer l'économie américaine toujours morose. "Les données récentes révèlent que la production et l'emploi ne progressent que lentement et à des taux bien inférieurs à ceux enregistrés plus tôt cette année", a déclaré la Fed dans un communiqué à l'issue d'une réunion de son comité décisionnel. Bien que les probabilités que l'économie américaine retombe dans une récession soient faibles, "la croissance de la production, et les progrès associés dans la réduction du niveau de chômage, pourraient rester lents pendant un certain temps", a déclaré le comité de politique monétaire de la banque (Federal Open Market Committee ou FOMC), organe de décision de la banque centrale, dans son procès-verbal publié mardi. La Fed a également décidé de maintenir son objectif de taux d' intérêts fédéraux dans une fourchette de 0 à 0,25 pourcent, niveau historiquement faible, afin de soutenir la reprise économique. Les responsables de la Fed ont évoqué la possibilité de fournir au marché des informations plus détaillées sur les taux d'inflation souhaités par la banque centrale, ainsi que celle consistant à déclarer ouvertement qu'elle accepterait temporairement un niveau d'inflation plus élevé. Ils ont aussi discuté de l'éventualité de fixer un objectif de croissance du produit intérieur brut (PIB). Ces annonces ont permis à la Bourse de New York d'effacer ses pertes et de terminer en hausse. La Fed maintient son objectif de taux d'intérêt au jour le jour tout près de zéro depuis décembre 2008 et elle a racheté pour environ 1.700 milliards de dollars (1.200 milliards d'euros) d'emprunts du Trésor et de titres de crédit immobilier pour favoriser la baisse des coûts du crédit. Le compte-rendu de la réunion de septembre a conforté le scénario d'une reprise de ces achats de Treasuries dès la réunion du FOMC des 2 et 3 novembre. La Fed s'engagerait alors dans une nouvelle phase d'assouplissement quantitatif ("quantitative easing") déjà surnommée "QE2". Le montant des capitaux qu'elle engagerait dans une telle initiative reste pour l'instant difficile à évaluer. Si la banque centrale parvenait à provoquer un relèvement des anticipations d'inflation, les entreprises et les consommateurs seraient incités à ne pas repousser leurs achats pour ne pas risque de les payer plus cher, ce qui favoriserait l'investissement et la consommation. Le FOMC n'est toutefois pas unanime sur l'attitude à adopter face à la multiplication des signes de ralentissement de la reprise. Dans un discours prononcé mardi à Denver, Thomas Hoenig, le président de la Réserve fédérale de Kansas City, opposé depuis longtemps déjà à une politique monétaire ultra-accommodante, a déclaré que de nouvelles mesures d'assouplissement auraient peu d'effets sur la croissance tout en nourrissant l'inflation. "Il nous faut admettre que le QE2, tout en restant une possibilité, n'est pas nécessairement ce que nous souhaitons au vu des avantages rapportés aux risques", a-t-il dit. "A ce stade, alors qu'une reprise modeste est en cours et que l'inflation est basse et stable, je crois que l'économie serait mieux servie si nous commencions à normaliser la politique monétaire." Il a ajouté que la Fed devait prendre en considération les implications de sa politique sur les changes. "Nous ne sommes pas une île", a-t-il dit. "Nous affectons d'autres pays, ils le savent et ils réagissent; et nous sommes affectés par nos décisions quand elles reviennent vers nous." Le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, a en effet réaffirmé mardi sa mise en garde contre le risque de voir les politiques monétaires de pays avancés comme les Etats-Unis favoriser une "guerre des monnaies". "La Réserve fédérale promet de l'assouplissement quantitatif, qui constitue la politique monétaire de dernier ressort", a-t-il dit dans un discours à new York. "Je ne crois pas que cela relancera l'économie, mais cela affaiblira le dollar."