Emanant de l'Organisation des nations unies, le Comité consultatif régional africain de lutte contre la désertification a été installé hier à Alger sous la présidence du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, qui préside le groupe africain de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD). L'installation du comité s'est déroulée en présence de plusieurs responsables algériens et africains chargés des questions environnementales et de la lutte contre la désertification, dont le secrétaire de l'UNCCD, Boubacar Cissé et un représentant de l'Union africaine.L'installation de ce comité "consultatif" s'inscrit dans le cadre du programme d'action tracé par l'Algérie (en matière de lutte contre la désertification), qui assure pour deux années (2009-2011) la présidence du groupe africain de l'UNCCD, à la suite de son élection par les pays africains lors de la 9è Conférence des parties qui a eu lieu en 2009 à Buenos Aires en Argentine. Dans ce sens, M. Benaïssa a affirmé que l'Algérie "est engagée dans la lutte contre la désertification et est solidaire avec tous ceux qui font de ce phénomène ainsi que celui de la dégradation des sols un axe important dans leurs préoccupations". "Il faudrait agir rapidement", a-t-il ajouté, en appelant la communauté internationale à donner toute l'importance et les moyens nécessaires pour lutter contre ce phénomène, qui menace près du tiers de la planète, selon des experts. "Il faut que la lutte contre la désertification prenne plus de place dans les agendas et dans les financements de la communauté internationale", a-t-il recommandé.Selon M. Benaissa, le comité consultatif a un rôle important dans la mise en ' 'synergie'' des efforts de tous les pays concernés et même de ceux qui ne le sont pas directement. Il faut savoir que la désertification, les changements climatiques et la perte de la diversité biologique sont des problématiques cruciales pour les régions sèches d'Afrique où ils conjuguent leurs effets pour éprouver les efforts de développement des pays et concomitamment les moyens de vie des populations les plus pauvres de la planète. En effet, nul doute que les écosystèmes ont une influence sur le climat et, réciproquement, les changements climatiques exercent des impacts considérables sur le climat local, accroissant la désertification, la dégradation des terres et la perte de la diversité biologique. Selon la Banque mondiale, la désertification et la dégradation des sols menacent la subsistance des Africains. Le phénomène pèse sur l'avenir environnemental de l'Afrique, mais plus encore sur son avenir économique, en raison du coup de frein qu'il impose aux activités liées à la qualité des écosystèmes. Prenons l'exemple de l'agriculture. La désertification, la sécheresse et, ces derniers temps, le changement climatique produisent leurs effets néfastes sur ce secteur, menaçant par là même la principale source de subsistance - et d'exportations - de millions de personnes déjà démunies. Les terres sèches, arides ou semi-arides sont particulièrement exposées aux ravages de la désertification. Les régions sèches abritent environ deux milliards de personnes, soit le tiers de l'humanité, et couvrent plus de 40 % de la surface de la planète. Le continent africain a connu sept périodes majeures de sécheresse au cours des quatre dernières décennies. Dans deux régions clés, le Sahel et la corne de l'Afrique, les sécheresses de 1972-1974 et de 1981-1984 ont massivement touché la population, causant des perturbations sociales profondes. En dégradant globalement les écosystèmes, la désertification prive les moins nantis de services environnementaux essentiels. Une terre dégradée ne peut plus produire de récoltes, de fourrage pour le bétail ou de bois combustible. On observe déjà, pour l'Afrique, des rendements agricoles inférieurs d'un tiers à ceux obtenus en Asie. De fait, l'Afrique sub-saharienne est la seule région du monde dans laquelle la production alimentaire stagne, alors que la faim gagne du terrain. La préservation de la fertilité des sols et la protection de la base de ressources écologiques est primordiale pour les économies fondamentalement agraires des 47 pays, au sud du Sahara, dont les activités agricoles représentent 25 % à 50 % du produit intérieur brut.