Le maïs est devenu la plante la plus cultivée au monde dans les dernières années du XXe siècle. Sa progression tient, notamment, au développement de la production dans les pays émergents. Aujourd'hui, présent sur tous les continents, il n'en demeure pas moins une culture locale, adaptée à chaque pays Les exportateurs de maïs argentin respirent. Depuis lundi ils peuvent à nouveau passer des contrats. En novembre dernier le gouvernement avait suspendu la délivrance des certificats d'exportation, une mesure parmi d'autres pour lutter contre l'inflation. Dans un pays où le fait de consommer du bœuf est culturel, laisser s'envoler les prix des denrées de base est politiquement risqué, surtout lorsque les échéances électorales approchent, la présidentielle aura lieu cet automne. Il faut dire qu'en ce qui concerne le maïs, qui sert localement à l'alimentation des animaux d'élevage, entre la hausse des cours à Chicago et les engagements pris par les exportateurs locaux, les prix avaient de quoi flamber sur le marché domestique. Alors que la récolte n'intervient qu'au printemps, déjà 10 millions de tonnes étaient prévendues au moment où le moratoire a été décidé. Un boom des exportations qui s'explique d'une part par la vigueur de la demande mondiale - le maïs on le sait a vu son cours propulsé par l'essor de l'éthanol américain fabriqué à partir de cette céréale - et d'autre part par l'explosion de la production nationale. On s'attend en Argentine à une récolte de 22 millions de tonnes contre à peine 15 millions de tonnes la campagne précédente. Les autorités, sceptiques sur les prévisions de la récolte, ont préféré ralentir la machine en suspendant les certificats d'exportation. Maintenant que la récolte a commencé, les voilà rassurées, elle sera bien à la hauteur des prévisions. C'est pourquoi cette semaine les autorités argentines ont fini par autoriser à nouveau les exportations. Outre les 10 millions de tonnes déjà enregistrées, 3 millions de tonnes supplémentaires seront certifiées. La consommation locale n'étant pas extensible, il faudra donc écouler les excédents sur le marché mondial. On s'attend à la délivrance d'autres certificats dans les semaines qui viennent. Quant à l'inflation, le gouvernement a réalisé en janvier un tour de passe-passe pour la modérer : les taxes à l'export sur le soja et ses dérivés ont augmenté. Avec ce pactole, les éleveurs touchent une subvention pour financer la hausse de l'alimentation animale. Pour le moment la reprise des exportations du maïs argentin n'a pas bouleversé le négoce car la hausse du fret le rend nettement moins compétitif pour un importateur européen par exemple, mais la réouverture des certificats devraient faire baisser le prix du maïs argentin au départ, ce qui devrait le faire revenir rapidement dans la compétition. Les semis de maïs Bt* ont connu en 2006, pour la première fois en France, un essor important : de 500 hectares en 2005, ils ont atteint 5200 hectares en 2006. Devant l'intérêt suscité par cette nouvelle technologie chez les agriculteurs, l'Association générale des producteurs de Maïs (AGPM) a accompagné, comme en 2005, une quinzaine d'agriculteurs désireux de s'engager dans cette production, dans le cadre du programme PACB**. De 2002 à 2004, un programme scientifique, conduit par l'AGPM et Arvalis-Institut du végétal, avait déjà posé les bases techniques de la coexistence des filières, et fourni des outils opérationnels de gestion des productions OGM et non OGM. La culture du maïs Bt peut ainsi s'appuyer sur les recommandations d'un guide professionnel de bonnes pratiques. Ce guide définit les règles de coexistence, les modalités de gestion des zones refuges, et la mise en œuvre de la traçabilité et de l'étiquetage.