La ville des genêts abrite, depuis lundi dernier, et jusqu'à samedi prochain, la troisième édition du Salon du livre de Tizi Ouzou dédiée à titre posthume à l'écrivain algérien d'expression française, Rachid Mimouni. Organisé par le commissariat du festival local, " Lire en fête " de concert avec la direction de la culture, ce rendez-vous reprend le thème générique du Salon international du livre d'Alger, (SILA) " Le livre roi ". La manifestation littéraire sera meublée par de nombreuses activités dont des conférenciers sur l'éternelle situation du livre, d'autres thèmes liés au monde littéraire, et le clou de cette rencontre sera incontestablement l'hommage à titre posthume à l'auteur de "L'honneur de la tribu ", Rachid Mimouni. La carrière ainsi que la vie de cet écrivain qui trépassa d'une hépatite aiguë à l'hôpital Cochin de Paris, le 12 février de l'année 1995, seront passées en revue sous le thème, "Rachid Mimouni, une vie et une histoire". Les membres de sa famille ainsi que des chercheurs, éditeurs et auteurs se succéderont à la table des débats pour éclairer un peu plus le public sur le travail littéraire de cet intellectuel très ancré dans la réalité du pays. L'un des auteurs qui le connaît sans doute le mieux, Djilali Khellas de l'université d'Alger ainsi que Zoubida Djennas du ministère de la Culture, déchiffreront ses œuvres lors des deux conférences prévues dans le menu. Les étudiants de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou déclameront des textes choisis en l'honneur de l'écrivain disparu. "Le livre face à la technologie d'aujourd'hui" sera un autre théme qu'aborderont entre autres Mustapha Madi des éditions Casbah, Youcef Merahi, du Haut commissariat à l'amazighité, Saïd Chemakh conseiller littéraire des éditions Tasekla et enseignant au département de langue et culture amazighes de l'université de Tizi Ouzou, Brahim Tazaghart, auteur et responsable des éditions Tira de Béjaïa ainsi que Mohamed Ghobrini, auteur et journaliste. Toujours au chapitre hommage, le dramaturge disparu Mohya a été évoqué, hier, à travers une représentation théâtrale, Si Nistri, une pièce adaptée par feu Mohya et montée par le théâtre régional Kateb- Yacine de Tizi Ouzou. Auparavant, des amis du défunt s'étaient déplacés jusqu'à son village natal à Ath Rbah où ils ont procédé tôt dans la matinée, au dépôt d'une gerbe de fleurs sur sa tombe. Comme dans toutes les rencontres littéraires, des ventes-dédicaces animeront ces journées du salon au cours duquel seront primés les lauréats du concours de la meilleure illustration d'un texte en langue amazighe. Toujours en marge de cette rencontre, des ateliers-débats se dérouleront sous le thème de la relation "Editeur-auteur et lecteur", en plus du " festival dans le festival " qui concerne cette fois-ci le conte et le récit. Chose rare au salon, la problématique de l'adaptation d'un texte littéraire à l'écran sera largement évoquée à travers les conférences que donneront Hanane El Bachir de l'université de Sidi Bel-Abbès, Mohamed Bensalah de l'université d'Oran, Si El Hachimi Assad, commissaire du Festival culturel annuel du film amazigh et Malika Boukhlou de l'université de Tizi Ouzou. Rachid Mimouni, l'enfant prodige Rachid Mimouni mourra d'une longue maladie qu'il a longtemps tenue au secret. Comme tous les hommes qui laissent des traces, le fils de Boudouaou, s'est fait tout seul. Issu d'une famille de paysans pauvres, il se devait de " sauver sa peau " par les labeurs et les assiduités. Destiné, auparavant, à une carrière de scientifique, Rachid Mimouni s'adonnait à la littérature et inaugure ainsi sa carrière d'écrivain avec " Le printemps n'en sera que plus beau " un roman écrit en 1971 et publié sept années plus tard. Après une licence en chimie obtenue en 1968 à l'ENS de Kouba, il poursuit des études de management à Montréal. De retour au pays, il enseigne l'économie à l'Inped, à l'Ecole supérieure de commerce et à l'université d'Alger. Auteur d'une dizaine de livres, Rachid Mimouni a commencé par publier des poèmes et surtout des nouvelles (une vingtaine), notamment dans la revue Promesses. En 2007 à l'occasion du 12ème anniversaire de sa disparition, sa ville natale lui a rendu un vibrant hommage à travers " Le fleuve détourné " un spectacle adapté de son roman éponyme et signé Hamida Ait El Hadj, une amie du défunt. " Le fleuve détourné " est d'ailleurs qualifié par le défunt écrivain " roman de la prise de conscience " … Le journal Le Monde parlera même du " nouveau KAFKA". Au delà du fait que toute l'œuvre mimouniènne fait état de l'évolution des êtres dans un monde de fous en parfaite déliquescence, elle interroge, également, sans cesse les rapports étroits entre, " la tradition et la modernité ". Rachid Mimouni croyait " à l'intellectuel comme éveilleur de conscience, comme dépositaire des impératifs humains, comme guetteur vigilant prêt à dénoncer les dangers qui menacent la société ".