A défaut de transfert de technologie, Cegelec ne risque-t-elle pas de fournir un produit clés en main ? La spécialisation de l'entreprise française dans le montage est avérée. Cegelec qui ne fabrique pas d'aérogénérateurs et se limite à jouer le rôle d'intermédiaire auprès de différents fabricants tel que le japonais Mitsubishi, l'américain General Electric ou l'allemand Enercon, est une filiale du pôle énergies de Vinci. Elle est chargée par le client de la conception du projet, l'installation des équipements et des infrastructures ainsi que leur maintenance. La Sonelgaz mûrirait le projet de monter une unité de production d'équipements éoliens et envisagerait de recourir aux services de l'EMEI de M'sila. Cette entreprise spécialisée dans la réparation de grosses turbines pourrait jouer un grand rôle dans ce projet. D'ailleurs, cela est confirmé en filigrane par le communiqué de Sonelgaz qui rappelle qu'"à travers le projet de réalisation de la première ferme éolienne en Algérie, le Groupe Sonelgaz vise à développer une technologie éolienne et à tester le comportement de ce type d'équipements en milieu saharien, caractérisé par de fortes variations de températures et par des vents de sable pouvant influer sur leur fonctionnement". Cependant, à y bien voir le cahier des charges relatif au marché attribué provisoirement au Consortium Cegelec SAS (France)/CEGELEC SPA (Algérie), Sonelgaz " impose aux constructeurs retenus de confier en exclusivité la réalisation du génie civil, les travaux de montage et le transport aux entreprises algériennes" ; donc point de nouvelles connaissances. Mais, quel serait alors le rôle des entreprises algériennes dans ce projet ? Auront-elles à peine le rôle secondaire, celui de "porteur d'eau" ? Selon un expert algérien basé à l'étranger et intervenant sur ce sujet, l'avis est clair, "Cegelec ne pourra fournir aucune technologie". Cela suscite, d'ailleurs, des interrogations chez ce même chercheur quant à ce qui est de "l'accompagnement par les compétences nationales, la formation et le recyclage de la ressource humaine dans un domaine où la source d'énergie a un caractère aléatoire ", l'emmenant à conclure que "tout va donc dépendre du maître de l'ouvrage lors de la signature du contrat et du contenu du cahier de charge". Il avertira sur "le piège" que peut cacher ce "produit clés en main où le client aura toujours recours au maître d'œuvre/fournisseur chaque fois que le système tombe en panne s'il n'impose pas ses conditions" arguant "des pannes fréquentes dans la maîtrise de l'énergie éolienne". Sonelgaz avait-elle mesuré ces risques ou la quête de pénétrer un marché opportun l'y avait-il contraint ?