Un Conseil interministériel se tiendra aujourd'hui pour examiner les moyens de juguler la forte hausse du prix de certains produits de large consommation enregistrée ces derniers jours. Dans ce sens, le ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada a indiqué, hier, que cette réunion se penchera notamment sur les textes d'application des lois relatives à la concurrence et aux pratiques commerciales notamment l'aspect relatif à la définition des marges bénéficiaires des produits de large consommation. Il faut aussi rappeler qu'un groupe de travail mixte regroupant les responsables du ministère et des représentants des producteurs et transformateurs des produits de large consommation a été également installé, jeudi, pour permettre à ces opérateurs de contribuer à la mise en œuvre de ces textes, a indiqué M. Benbada. Le ministère du Commerce a élaboré récemment un nouveau texte réglementaire et pris une série de mesures afin d'organiser les activités commerciales et de lutter contre toutes les formes de pratiques illicites et spéculatives dans les échanges commerciaux. A ce titre, le ministère a élaboré un avant-projet d'arrêté ministériel fixant à deux années, renouvelable, la durée de validité de l'extrait du registre du commerce délivré aux assujettis pour l'exercice de certaines activités. L'importation de matières premières, produits et marchandises destinés à la revente en l'état, à l'exception des opérations d'importation réalisées pour propre compte par tout opérateur dans le cadre de ses activités de production, de transformation et/ou de réalisation dans la limite de ses propres besoins, le commerce de gros de matières premières, produits et marchandises, et le commerce de détails exercé par les commerçants étrangers, personnes physiques ou morales, sont à cet égard les activités commerciales qui seront assujetties à cette nouvelle réglementation. Par ailleurs, afin de mieux prendre en charge la distribution des produits agricoles et la formation des prix, il a été décidé "la mise en place d'un outil régulateur à travers la création d'un organisme économique pour la prise en charge de la réalisation et de la gestion des marchés de gros (...)", souligne le ministère. Cet organisme, dont la création a été retenue en Conseil des ministères au mois de mai dernier, avant sa validation en tant que EPE-SPA par la Conseil des participations de l'Etat le 11 novembre 2010, aura une mission de service public. Le patrimoine de cette entreprise sera constitué essentiellement avec des capitaux apportés par l'Etat. Elle bénéficiera à ce titre du versement, dans ses actifs, des marchés de gros et autres équipements commerciaux relevant du domaine privé de l'Etat. Il est prévu de lui rattacher les entreprise publiques gestionnaires des marchés de gros en tant que filiales ou unités. Elle disposera également d'une contribution financière préliminaire de l'Etat et de capacités de refinancement à taux bonifiés auprès des banques pour financer son programme national de réalisation des équipements commerciaux, proposé dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014, et doter l'Etat d'un outil essentiel pour la régulation en amont des circuits de distribution des produits agricoles. Le ministère a enfin levé, depuis le 1er janvier 2011, la suspension des exportations des dérivés des céréales (couscous et pâtes alimentaires), afin de relancer, sous régime douanier, les exportations par les transformateurs de ces produits sur le marché international. Il s'agit également de réhabiliter le réseau des exportateurs de ces produits dérivés de céréales très demandés en Europe, en Amérique du Nord, dans les pays arabes et en Afrique. Le régime douanier permet d'importer en "admission temporaire" et en exonération des droits de douane, des marchandises destinées à être réexportées après avoir subit une ou des transformations. Notons que les prix des produits de première nécessité tels que le sucre, l'huile, la farine et les céréales ont enregistré une "forte" augmentation, allant de 20 à 30% pour certaines de ces denrées, suivie de "rumeurs injustifiées" sur de prochaines hausses et pénuries. Face à cette situation, le ministre a affirmé, jeudi, que ses services "commencent à maîtriser la crise", et "sa résolution sera visible dès la semaine prochaine". Il a expliqué que ce problème est dû à la hausse mondiale des prix mais aussi aux nouvelles conditions d'approvisionnement en produits de large consommation imposées aux grossistes et détaillants. Par ailleurs, l'Office interprofessionnel des céréales (Oaic) a indiqué que la pénurie de farine sur le marché national ne devrait pas exister, puisque les enlèvements de blé tendre par les transformateurs ont augmenté substantiellement en 2010 par rapport à 2009. L'Oaic a distribué, en 2010, à tous les moulins environ 40 millions de quintaux de blé tendre contre 37,2 millions de quintaux en 2009. Cela a permis de satisfaire à 98% les besoins des meuniers et transformateurs. La pénurie de farine "n'est pas due à un manque de matière première, mais résulte des comportements de certains transformateurs qui ont vendu leur blé en l'état à des éleveurs pour l'alimentation de bétail", explique l'Oaic. Certains boulangers ont déclaré à l'APS faire face depuis le début du mois de janvier à un manque d'approvisionnement en farine panifiable. Selon le directeur général de l'Oaic, cette pénurie n'est pas due à un manque de matière première, mais elle résulte ''des comportements de certains transformateurs''. "D'après ce que nous avons constaté sur le terrain, certains meuniers ont vendu leur blé en l'état à des éleveurs pour l'alimentation de bétail", a-t-il affirmé, précisant que le transformateur "n'a pas le droit de revendre (en l'état) le blé qu'il achète à un prix subventionné (1.285 DA le quintal)". L'autre facteur susceptible de créer une pénurie au niveau des boulangeries, est "le recours de plus en plus des transformateurs à la vente de leur farine sous emballage, qui a une plus value importante, alors que d'autres approvisionnent leurs clients à travers le circuit informel pour ne pas payer leurs impôts", a ajouté M. Kehal.