Les transformateurs de sucre et d'huile ne vont pas s'enrichir éternellement sur le dos du peuple. La distribution des produits de large consommation, dont certains ont enregistré une soudaine envolée des prix depuis le début du mois de janvier, se normalisera dès la semaine prochaine. L'annonce était faite jeudi dernier à la Chaîne III de la Radio nationale par le ministre du Commerce. Benbada avait annoncé un jour auparavant que le problème serait résolu dans trois mois! Se voulant plus rassurant, il déclare à la presse que ses services «commencent à maîtriser la crise», provoquée selon lui par «la hausse soudaine des prix de plusieurs produits de large consommation» omettant, au passage, de désigner les vrais responsables: ceux qui distribuent l'huile et le sucre. Les propos de Benbada sur la flambée des prix de ces deux produits ne sont pas rassurants. Si l'on suit son raisonnement, il suffirait de revenir à la situation de non-droit vécue pendant des années pour que le marché se stabilise. Ce qu'il propose est de continuer à commercer sans facture. Ce qui est une invitation explicite à alimenter le marché informel au lieu de mettre l'accent sur l'application de la loi. Notamment de celles adoptées depuis peu par les représentants du peuple algérien au Parlement. Au lieu d'anticiper sur les mesures à prendre pour garantir la stabilité du front social, le ministre a préféré se confiner dans l'attentisme jusqu'à ce que la scène sociale s'embrase. Ce n'est que depuis la fin de la semaine qu'il commence à se rendre compte de l'ampleur du mal. Lors d'une réunion avec les transformateurs et importateurs de ces produits, le ministre a imputé la hausse des prix de ces deux denrées «aux pratiques illégales de certains commerçants qui ont vendu les anciens stocks à des prix élevés et injustifiés, notamment après que les producteurs eurent imposé aux grossistes de nouvelles conditions pour les amener à se conformer aux lois en vigueur». De ce fait, le ministre du Commerce a appelé les producteurs et importateurs d'huile et de sucre à annuler toutes les conditions imposées aux grossistes... Ces mesures portent sur la fourniture par les détaillants (aux grossistes et transformateurs) de documents sur leurs activités, notamment le registre du commerce, l'achat par facture, et leur bilan comptable (comptes sociaux), ainsi que l'utilisation du chèque pour les paiements de marchandises. Ces mesures auraient provoqué une crise sur le marché de détail, notamment une surchauffe des prix du sucre et de l'huile. Benbada a fait savoir à cet égard qu'il a été convenu avec ces opérateurs d'oeuvrer en faveur d'un règlement de la crise indiquant qu'ils ont accepté d'annuler les nouvelles conditions imposées en début d'année aux marchands de gros et qui, ajoutées à la hausse des prix sur les marchés mondiaux, ont déstabilisé l'approvisionnement en produits de large consommation d'où la hausse subite de leur prix. Il a, en outre, annoncé l'élaboration d'un nouveau dispositif réglementaire qui fera objet d'une étude préliminaire lors d'un Conseil interministériel pour examiner les modalités de définition des marges bénéficiaires concernant les produits de large consommation, y compris le sucre et l'huile conformément à la volonté politique visant la préservation du pouvoir d'achat des catégories à faibles revenus.