Le débat ne sera jamais éculé. Il y a un vide énorme de la littérature jeunesse. Un constat, toujours le même depuis plusieurs décennies. Pour lire un livre pour enfants, nos mômes se rabattent sur tous ces classiques qui ne contiennent pas forcément les même valeurs que les nôtres. Les écrivains méprisent-ils la littérature jeunesse ou sont-ils moins enclins à cibler les petits ? D'excellents ouvrages pour cette catégorie de lecteurs foisonnent d'ailleurs dans les bibliothèques du monde. " Le petit Prince " d'Antoine de Saint-Exupéry, " Sans famille " d'Ector Malot demeurent des années voire plus d'un siècle après, des références mondiales en matière de littérature pour enfants. Selon des spécialistes, " la littérature pour enfants en Algérie est à ses premiers balbutiements et peine toujours à mûrir, en raison de diverses entraves qui la dévient de sa véritable vocation: écrire pour l'enfant avant d'écrire sur l'enfant. " A ce propos, Mustapha Madhi, directeur des éditions Casbah a affirmé que l'écriture littéraire pour enfant "n'est pas développée" dans le monde arabe notamment en Algérie. Elle est "quasi-inexistante", car nécessitant "des compétences et des écrivains qualifiés", a-t-il estimé, soulignant que la majorité des écrivains de ce genre littéraire "ne sont pas spécialisés", au moment où le livre pour enfants est considéré comme une industrie à part entière dans les pays développés. Ce genre de littérature doit répondre à des critères spécifiques à même de développer l'amour de la lecture chez l'enfant, c'est ce qui fait défaut dans le livre algérien pour enfant, a rappelé Madhi. Le facteur de l'attrait, essentiel pour l'ancrage de la culture de la lecture chez l'enfant, manque incontestablement dans une grande partie des livres destinés à l'enfant en Algérie, a de son côté souligné Firas El-Djahmani, responsable des éditions "Atfalouna" (nos enfants). Certes, "il y a une riche production de livres pour enfants", mais celle-ci "est en deçà du niveau de la littérature pour enfants pour ce qui est des points de vue cognitif et perceptif", a-t-il affirmé, reprochant à ces écrivains le fait de ne pas tenir compte des caractéristiques géographiques, étant donné que les livres pour enfants vendus au nord sont les mêmes que ceux vendus au sud du pays. "Une noble mission avant d'être une transaction lucrative" La littérature pour enfants est une noble mission avant d'être "une transaction commerciale lucrative", ont déclaré plusieurs libraires, précisant que l'enfant ressemblait à une page blanche sur laquelle les différentes idées peuvent être inscrites et sauvegardées dans sa mémoire, et contribuer indirectement à la formation de sa personnalité. Cependant, les avis des parents divergent sur la réalité du livre pour enfants en Algérie mais ils s'accordent tous à dire que "les prix" des livres demeurent "un frein" et les incitent à se tourner vers les CD, moins coûteux. Ils ont souligné la nécessité d'habituer l'enfant à la lecture dès son âge tendre pour développer son imaginaire, à travers les images contenues dans le livre et que le CD ne peut égaler, appelant les écrivains à tenir compte des aspects socioculturels de l'enfant algérien lors de l'écriture, d'autant que le livre joue le rôle d'"éducateur" aux côtés du maître d'école et de la famille. Le livre pour enfants est "très coûteux", estiment certains éditeurs, par rapport aux autres publications destinées aux adultes, en raison des illustrations nécessitant la maîtrise des techniques et des couleurs, ce qui a mené à la marginalisation des écrivains de livres pour enfants dont le nombre s'amenuise de jour en jour. Il a mis l'accent sur "l'absence d'une institution spécialisée dans la distribution des livres" notamment pour enfants. L'orateur a précisé en outre, que "le ministère n'impose aucune censure aux maisons d'édition en matière de livres pour enfants", affirmant que l'éditeur "est le premier responsable" de ses publications et le lecteur "en est le seul juge". M. Yahiaoui a soutenu de son côté que "nous sommes à l'ère de l'ouverture et de la liberté d'écrire et d'édition et il est difficile de contrôler tout ce qui est proposé dans les librairies" notamment avec la quantité innombrable de livres dont la plupart ne sont pas utiles. Par conséquent, affirme l'éditeur, il est important d'avoir des études spécialisées définissant les critères psychologiques et sociologiques de l'enfant et permettant d'aboutir à un produit intellectuel efficace.