L'ambitieux programme national des énergies renouvelables annoncé par le gouvernement, auquel une enveloppe de 60 milliards de dollars sera consacrée et qui verra, selon le ministre du secteur, la création de 200. 000 emplois dont la moitié activera dans l'exportation, demeure dans des contours indistincts quant à sa réalisation. D'après nombre d'experts, le rôle que jouera l'entreprise algérienne, qu'elle soit privée ou publique reste ambigu et indéfini de par le cadre juridique " vague " et des partenariat mal définis quant à l'intégration de l'entreprise algérienne et aux engagements des firmes étrangères en matière de transfert de technologie et de savoir-faire. Si, en guise d'exemple, l'on a attribué la réalisation de l'entreprise des panneaux solaires de Rouiba à Sonelagz, sa construction sera, quant à elle, confiée à une entreprise allemande. Reste à savoir quel rôle jouera l'une et l'autre dans ce projet, considéré comme la première pierre d'un programme qui reste, selon les experts, " timide " au regard des sommes qui lui sont consacrées. Certains iront jusqu'à craindre la fameuse formule " clés en main " qui a laissé l'Algérie, durant longtemps, en dehors de ses propres investissements. C'est le cas de Mme Benhamou directrice générale de Sundous Energy, un bureau d'études spécialisé dans les énergies solaires et éoliennes, qui déplore la " non clarté des cahiers des charges élaborés et la faiblesse de l'aide octroyée aux entreprises algériennes dans le domaine des énergies renouvelables ". Elle citera la centrale de Hassi R'mel qui est à cet égard un exemple très significatif : " Les Algériens n'ont pas participé à la réalisation de cette centrale, ce qui sous-entend qu'aucun savoir ni technologies n'ont été transférés ", dit-elle et d'ajuter que l'Etat n'a pas pensé à encourager la promotion des compétences algériennes dans le cadre de la réalisation de ces projets. Elle signalera, à cet effet, le caractère dérisoire des 45% de subvention que l'Etat accorde aux acteurs désirant se lancer dans la fabrication. L'importation des matières premières reste aussi un frein pour les nationaux soumis aux lourdeurs bureaucratiques. Mme Benhamou appelle, dans ce sens, l'Etat à plus d'implication pour la promotion des opérateurs nationaux et une meilleure intégration de la main d'œuvre algérienne. Reconnaissant que la loi existe, elle déplorera sa mauvaise application. La loi des 51% de parts dans le capital réservés aux Algériens dans tout investissement étranger a, certes comme philosophie de faire bénéficier les opérateurs algériens d'un transfert du savoir-faire. Néanmoins, cette même loi prête, elle aussi, à équivoque quant au statut des entreprises algériennes concernées. Sur ce registre, les prétendants aux projets repérés par l'Algérie avanceront, en guise d'argumentaire, un transfert massif de leurs aptitudes et leurs savoirs, ce qui est le cas notamment de la France et de l'Allemagne. M. Hamidouche, économiste qui a valorisé l'expérience algérienne des années 80 dans le domaine de l'énergie solaire, tablera sur le marché qui " doit faire promouvoir l'entreprise privée algérienne à travers une demande croissante de la demande". " Pour le moment l'on s'attellera sur le montage des panneaux solaires, mais dans quelques temps, le privé se verra octroyer de bonnes parts du marché, car la demande des énergies renouvelables augmentera. Et Sonelgaz passera du statut de producteur à celui d'acheteur", dit-il. Ce qui veut dire que des privés et des particulier produiront de l'électricité que l'entreprise nationale Sonelagaz achètera et revendra à son tour. Pour les efforts de l'Etat dans la promotion des compétences algériennes, le même économiste citera, entre autres, le Fonds d'investissement en énergies renouvelables et l'Agence pour la rationalisation de l'énergie, qui sont " des outils assez conséquents pour la promotion de l'entreprise algérienne ". Si l'entreprise publique est citée dans le cadre de l'ambitieux programme comme partie prenante, la contribution du privé algérien dans le développement du solaire n'est guère évoquée alors que des entreprises algériennes comme Sim et Cevital s'y intéressent.