Le groupe Sonatrach va investir 4.200 milliards de dinars (environ 60 milliards de dollars) pour la période 2011/2015 "en vue de renforcer les capacités nationales de production d'hydrocarbures", a annoncé lundi le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi. Ce programme, dont 57% des financements aloués seront consacrés aux activités d'exploration-production, prévoit "une forte expansion" de l'activité exploration afin d'accroître les réserves du pays et d'optimiser l'exploitation des gisements d'hydrocarbures, a indiqué M. Yousfi lors du Forum d'El Moudjahid. De même, l'effort d'exploration vise à doubler les activités de recherche pour les prochaines années. Pour l'année 2011, "il est prévu déjà d'accroître cet effort par plus de 40%" par rapport à l'année précédente, a précisé le ministre. En matière de transport par canalisation, le programme du secteur pour les cinq prochaines années a, essentiellement, pour objectif de "sécuriser et fiabiliser le réseau de transport à l'effet de satisfaire la demande nationale et de respecter les termes des engagements commerciaux de l'Algérie sur le plan international", selon M. Yousfi. S'agissant de la production d'électricité, le ministre a affirmé que le programme d'investissements engagé par le groupe Sonelgaz pour les cinq prochaines années, et pour lequel une enveloppe de 30 milliards de dollars a été affectée, permettra de porter la production nationale à 15.000 MW à cette échéance contre 10.400 MW en 2010. Grace à ce même programme le réseau national de transport d'électricité enregistrera une expansion annuelle de 14.200 km, alors que celui de gaz augmentera de 9.100 km par an jusqu'à 2015, ce qui permettra d'arriver à un taux national d'électrification de 98% et de raccorder un million de foyers au gaz naturel, soit un taux de pénétration de 53%, selon M. Yousfi. Dans le même sens, le ministre a exclu toute révision à la hausse du prix de l'électricité. "Nous n'avons strictement aucune intention de réviser le prix de l'électricité ni celui du gaz livré à Sonelgaz", a-t-il dit à ce propos en rappelant que l'Etat a pris en charge à hauteur de 7 milliards de dollars le différentiel entre le prix réel du gaz sur le marché et de celui cédé à Sonelgaz pour approvisionner le marché interne. S'agissant des énergie renouvelables, le ministre a annoncé que la mise en oeuvre du programme national de développement de ces énergies alternatives est prévue à partir du premier trimestre de l'année en cours et permettra de créer quelque 200.000 emplois. Ce programme, qui sera présenté prochainement au gouvernement, porte sur 65 projets qui permettront, dans un premier temps, de produire 2.600 MW d'électricité. Par ailleurs, une capacité additionnelle de 2.000 MW pourrait être destinée à l'exportation, a-t-il indiqué. Selon lui, 100.000 emplois devraient être créés dans la production nationale et 100.000 autres dans l'exportation. S'agissant des modalités de financement de cet ambitieux programme, M. Yousfi a expliqué que l'Etat prendra en charge la partie liée à la satisfaction des besoins internes, alors que les projets destinés à l'exportation seront financés dans le cadre de partenariat. ALGER, (APS) - Interrogé sur la position des autorités algériennes quant aux différents initiatives et projets d'utilisation d'énergies renouvelables à l'image du projet Desertec, le ministre a répété que l'Algérie "est prête à discuter de tous projets avec tous ses partenaire sans exception". "Nous voulons contribuer à approvisionner l'Europe en énergie et nous sommes ouverts à toute proposition", a-t-il ajouté. Il a, toutefois, tenu à souligner que l'Algérie "ne servira pas de cobaye de projets pour les Européens", en réponse à une question sur une proposition espagnole de construire des fermes éoliennes dans le littoral du pays. Dans la même logique, le ministre a assuré que le projet de la ville nouvelle de Hassi Messaoud n'a pas été abandonné. "La ville nouvelle de Hassi Messaoud sera réalisée et sera alimentée à partir de sources renouvelables", a affirmé M. Yousfi sans donner de délai prévisible pour sa réception. Dans le domaine des mines, plusieurs actions sont prévues par les pouvoirs publics, notamment la mise en place d'un groupe industriel public, le développement de certaines substances comme l'or et le plomb-zinc, la satisfaction des besoins de l'économie nationale en matière premières minérales et la création d'un pôle industriel des engrais phosphatés permettant la valorisation des resserves de phosphate. En outre, le ministre a déclaré que l'Etat relancera dés cette année "les opérations prioritaires de prospection de structures géologiques, de districts miniers à fort potentiel et d'exploration d'indices et évaluation de gîtes miniers". Les pouvoirs publics ont alloué une enveloppe de 800 millions DA pour 2011 en vue d'encourager la recherche minière, et comptent même modifier la loi y afférente afin de lui permettre de contribuer à cette recherche, a-t-il rappelé dans le même contexte. Interrogé sur l'utilisation civile de l'énergie nucléaire, le ministre a rappelé que l'Algérie s'est fixée un objectif de construire sa première centrale dans un délai de 10 à 15 ans. "Pendant cette période, il faut réunir toutes les conditions nécessaires en matière de formation, de sécurité et de protection de l'environnement", a-t-il précisé. S'agissant de l'intention du groupe britannique BP de céder ses actifs en Algérie, le ministre a répondu que la question est actuellement à l'étude au niveau de Sonatrach. Il n'a pas exclu une possible reprise de ces actifs par le groupe algérien. M. Yousfi a, par ailleurs, affirmé que l'Algérie s'est engagée dans un vaste programme pour fabriquer localement les équipements destinés à la production d'énergie. A cet effet, le groupe Sonatach se penche sur un projet de fabrication de turbines à gaz pour fournir les futures centrales électriques du pays.