Combien toucherait donc un cadre de Sonatrach ? Pour le commun des citoyens, cela doit largement dépasser l'entendement d'un petit salarié. D'aucuns vous avanceront un salaire mirobolant. Pourtant la réalité est tout autre. Certes, mieux lotis que leurs concitoyens en termes de pérennité et de privilèges sociaux, ces derniers ne profitent pas, comme cela le laisse croire, de l'opulence du géant de la pétrochimie. Une opulence qui ne se reflète guère sur les salaires des agents, notamment de production et autres cadres moyens. Leurs salaires sont, certes, supérieurs à la moyenne algérienne, mais restent en deçà de l'image que veut s'offrir Sonatrach. Le salaire d'un cadre moyen varie entre 40.000 et 50.000 dinars, celui du cadre supérieur oscille entre 60.000 et 100.000 dinars. Le cadre dirigeant touche, quant à lui, parfois jusqu'à 200.000 dinars avec en plus une variable estimée à 6 ou 7,5 le Smig. Celle-ci est versée annuellement, comme le stipule le décret exécutif 90-290 du 29 septembre 1990 relatif au régime spécifique des relations de travail concernant les dirigeants d'entreprises. Son article 8 fixe les bases de la rémunération ainsi que les différents éléments qui la composent dont une variable. Concrètement, cela peut être plus ou moins de l'ordre de 120 millions de cts /an. Cette disparité des salaires a, d'ailleurs, incité beaucoup de cadres et techniciens à quitter la Sonatrach et partir travailler au sein de certaines entreprises étrangères à l'instar de BP, ou de s'expatrier dans des pays du Golf où les cieux sont plus cléments et offrant des salaires plus intéressants et motivants. Durant la période 2007-2008, un peu plus de 120 cadres, ingénieurs d'Etat et techniciens ont préféré répondre aux offres estimées plus intéressantes, faites par des entreprises pétrolières étrangères. L'entreprise Sonatrach a dû revoir sa copie et se pencher sur cette question. Dès l'année 2003, un cabinet d'audit, BM Towers Perrin, a été chargé par la Sonatrach pour élaborer un système de rémunération. Une étude qui aurait coûté 50 millions de dollars à l'entreprise. Une grille des salaires répondant aux normes standards internationales avait été proposée, une première fois à l'entreprise qui a jugé cette étude surévaluée et créant une disparité avec les salaires algériens. Le bureau d'études américain nouvellement sollicité a confectionné, en 2007, une nouvelle grille en harmonie avec l'environnement salarial algérien. Le projet a été validé depuis mais trouve de réelles difficultés à être mis en application. Il y a un effet de rejet total et une remise en cause du système pour des raisons de subjectivité, de manque de préparation, mais surtout le manque de beaucoup d'éléments nécessaires à une telle culture. Bien que le terrain reste miné eu égard aux bas salaires perçus par les travailleurs des autres secteurs et qui restent bien loin des revendications des ouvriers de l'entreprise pétrolière, la nouvelle direction de Sonatrach aura à étudier cette question et aligner ses salaires sur les modèles internationaux sans perdre de vue l'harmonie nationale.